Quelques jours après un communiqué de l'Union nationale et syndicale des sages-femmes (UNSSF), c'est au tour du Conseil national de l'Ordre des sages-femmes de monter au créneau. Sa présidente, Isabelle Derrendinger, confirme au Quotidien avoir déposé une plainte au pénal pour diffamation publique contre le Syndicat des médecins libéraux (SML).
À l’origine du conflit, une affirmation polémique du SML. En réaction à la proposition de loi du député Frédéric Valletoux, l'organisation pointait en effet « la volonté gouvernementale de faire disparaître les spécialités de pédiatrie et de gynécologie médicale au but de satisfaire les appétits des sages-femmes (dont 95 % ont choisi ce métier après avoir raté médecine) et dont le résultat est la dégradation majeure de la santé materno-infantile ». Contactée par Le Quotidien, la présidente du SML, la Dr Sophie Bauer, avait tenté de calmer la tension, en indiquant que son syndicat « n'avait pas l'intention de diffamer les sages-femmes. Le chiffre de 95 % cité est purement factuel, issu d'une enquête d'une faculté auprès des étudiants en santé ».
Accusation forte
Las ! Car pour l'Ordre des sages-femmes, « l'ensemble de la profession s'est senti heurtée par ces propos infondés » dont « une accusation forte concernant la dégradation des indicateurs en périnatalité et en néonatologie qui est affectée aux sages-femmes ». De fait, ces déclarations démontrent « une méconnaissance totale de la profession et de son positionnement dans le monde de la santé » mais également « un corporatisme tant anachronique que délétère » au regard des enjeux actuels. Car face aux difficultés d'accès à la santé gynécologique obstétricale des femmes, l'élue ordinale exhorte les acteurs à se mobiliser « sur l'essentiel pour leur assurer un accès et un suivi optimal ».
Cette plainte de l'Ordre des sages-femmes contre un syndicat de médecins libéraux n'est pas nouvelle. En 2014, l'instance avait déjà attaqué la Fédération nationale des collèges de gynécologie médicale (FNCGM) et le Syndicat national des gynécologues obstétriciens de France (Syngof) pour des propos « malveillants, injustifiés, portant atteinte à l’honneur de la profession de sage-femme et mettant en cause leurs compétences ». À l’époque, ces deux syndicats n'avaient pas été condamnés.
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