« Bravo pour le courage de réorganiser le cabinet en vue d’un exercice médical où le médecin traitant a du temps pour réfléchir et prescrire et se sent plus heureux de ses choix », écrit avatar en commentaire à l’article du Quotidien sur la décision du Dr Arnaud Lerouge qui témoignait de son choix de se déconventionner il y a un peu moins d’un an. Le déconventionnement est vu par certains lecteurs comme la seule manière de retrouver du temps médical et reprendre leur exercice en main. « Notre collègue est un vrai libéral. Il ne dépend que de lui, demande ce qu’il veut et travaille comme il veut… Nous tous en secteur 1, sommes-nous encore une profession libérale ? Qui nous honore ? Le tiers payant ? », s’interroge Eric F_5. Ce choix de privilégier sa vie de famille, de ne pas reproduire les anciennes pratiques, est vu comme « la clé pour exercer heureux dans la durée », reprend avatar.
En février dernier, le directeur de la Cnam assurait au Quotidien que le nombre de généralistes à s’être effectivement déconventionnés en 2023 (démarche active de sortir de la convention pour passer en secteur 3) ne dépassait pas « quelques dizaines ». De son côté, le syndicat UFML-S affirme avoir récolté 5 200 lettres d’intention depuis les assises du déconventionnement de la médecine libérale en mars 2023.
Là où, pour certains médecins, « le prix normal de la consultation est de 50-60 euros dans une zone défavorisée et 100 euros à Paris », d’autres alertent sur l’accès aux soins, notamment pour les patients bénéficiaires de la CMU. Un médecin met en avant son expérience personnelle quant aux personnes dans cette situation : « Vous croyez vraiment qu'ils vont sortir 53 € pour consulter alors qu'ils ont une carte qui leur permet de consommer de la médecine gratuite sans limite ? Quand on leur demande un sou, ils vous tendent la carte en vous disant : "Payez-vous ! Je n'ai que ça !" ». Tandis que d’autres professionnels de santé comme Paul M_2 estiment que c’est une honte de faire payer des CMU ce tarif : « Dans une des régions les plus pauvres de France, cela tient du mépris. »
Assurer l’équilibre économique du cabinet
Certains praticiens ont réussi à optimiser le système. C’est le cas de DocX : « De façon plus générale, il existe, dans la nomenclature, de très nombreuses majorations non négligeables qui permettent de valoriser le temps passé auprès des patients complexes, comme par exemple la Visite soins palliatifs, 60 € sans limitation et bien d'autres. En d’autres termes, pour les médecins "partie prenante", la nomenclature actuelle leur permet de prendre du temps auprès de ces patients. Le problème n'est pas, me semble-t-il, la rémunération mais plutôt le manque de connaissance des possibilités offertes par la nomenclature officielle. »
D’autres arrivent à s’en sortir de façon aisée parmi nos lecteurs. Cette situation ne fait pas l’unanimité. « Je viens de m’installer, les impôts et l’Urssaf me demandent 40 %. Pour 5,5 jours travaillés, je m'en sors avec 45 k€ an en prévisionnel. Il faut absolument faire baisser les taxes à 10 %, ou les effacer complètement pour les praticiens en déserts médicaux, et augmenter la consultation minimum à 40 € », explique Akobi, un généraliste fraîchement installé.
L’une des solutions mises en avant par certains généralistes, dont l’UFML-S, est la possibilité d’ouvrir le secteur 2. Pour l’un de nos lecteurs : « La réponse est sans appel : les déserts médicaux ne font que s’étendre au fil des années. Il n’y aura, vu les contraintes financières actuelles, que deux réponses : la coercition étatique d’installation ou l’incitation avec l’ouverture du secteur 2 aux généralistes, au même titre que pour les spécialistes ! »
Pour BRUNO H_24, il est évident, sauf pour des raisons idéologiques ou politiques, qu'ouvrir le secteur 2 aux médecins généralistes serait une mesure d’équité entre toutes les professions médicales, généralistes ou spécialistes. À défaut, le nombre d’omnipraticiens continuera de baisser inéluctablement, selon ses estimations.
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