Téléconsultation : l’arrivée de nouveaux acteurs du privé agace la profession

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Publié le 23/01/2018
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Crédit photo : SPL/PHANIE

Les négociations conventionnelles sur la télémédecine, qui devront donner un cadre aux actes de téléconsultation et de télé-expertise, ont commencé jeudi 18 janvier. Des entreprises commerciales n'ont pas attendu et occupent déjà le terrain de la téléconsultation. De quoi susciter la colère de certains praticiens. En novembre déjà, des médecins s’étaient indignés après la diffusion de spots promouvant un service de téléconsultation d’un assureur à la radio. L’Ordre avait déposé une plainte pour « distorsion de concurrence ».

« Du pain bénit pour contourner l'interdiction de réseaux de soins »

La start-up Medaviz a annoncé le lancement d'une offre de téléconsultation fin janvier. Jusqu’ici spécialisée dans le téléconseil, la société proposera ce nouveau service, accessible 24H/24 et 7J/7, par visio-conférence qui permettra aux praticiens de rédiger une ordonnance. Avec l'aval des ARS. « C'est du pain bénit pour contourner l'interdiction de réseaux de soins ! », déplore le Dr Jérôme Marty, président de l’UFML-S. « Il y a un risque d'ubérisation de la santé, avec des sociétés dirigées par des personnes sorties de Sciences-Po ou de l'Edhec », attaque le syndicaliste. Le Dr Marty s'inquiète également pour la protection des données de santé et a écrit une lettre ouverte à la ministre de la Santé et à l'Ordre des médecins.

La fondatrice de Medaviz, Stéphanie Hervier, réfute ces attaques. « Un dossier patient est créé seulement pour les téléconsultations, affirme-t-elle. Les données sont conservées sur un serveur agréé pour la protection des données de santé. »

Il est vrai que la promesse faite aux mutuelles par Hellocare, un autre acteur privé engagé dans la téléconsultation, « Réussissons ensemble le pari de construire une communauté d'utilisateurs captifs et heureux », a de quoi surprendre.

« Nous ne sommes pas là pour ubériser la santé », se défend Stéphanie Hervier. L'entrepreneuse affirme que son service est l'une des réponses à la désertification médicale et plaide en faveur d'un « débat plus global sur l'accès aux soins en France, en attendant que les discussions sur la téléconsultation aboutissent ». « Si on veut ouvrir l'accès aux soins aux patients il faut trouver d'autres solutions et d'autres leviers de financement. Il faut savoir quelle santé nous voulons. Les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon, ndlr) ne cachent pas leur ambition de venir s'emparer de la santé...», prévient-elle.

Inquiétude sur les tarifs

Le tarif des nouveaux services de téléconseil de Medaviz et Hellocare inquiètent Jérôme Marty. Le patron de l'UFML-S redoute une éventuelle distorsion avec les montants qui seront attribués aux médecins libéraux dans le cadre des négociations avec l'Assurance maladie. Les syndicats exigent un tarif au moins égal à celui d’une consultation physique pour les actes de télémédecine (25 euros).

Medaviz collabore essentiellement avec une trentaine de partenaires, entreprises et organismes mutualistes, et revendique deux millions de bénéficiaires qui peuvent accéder à ses services dans le cadre de leur contrat de mutuelle ou de travail. La start-up propose également un service de téléconseil payant aux particuliers. L’appel est alors facturé 15 euros (25 euros chez Hellocare). L'offre concerne très peu de personnes, selon la fondatrice de Medaviz.

Quant aux téléconsultations, elles ne concerneront que les adhérents ou employés des mutuelles et entreprises partenaires, assure la patronne de la société privée.


Source : lequotidiendumedecin.fr