Les nomades du désert d’Algérie et les habitants de Saugues en Haute-Loire, n’ont, a priori, pas grand chose en commun. Pourtant Georges Vieilledent voit les choses différemment. Dans ces deux peuples, « libre et intense » mais aussi « dur et ingrat », ce généraliste de 75 ans, a trouvé « un supplément d’âme »… et un parfait sujet d’écriture.
Aujourd’hui retraité, Georges Vieilledent a pris le temps de revenir sur 44 ans d’exercice en Haute-Loire, et en a tiré son livre, appelé sobrement : « Medecin de campagne, une vie ». Effectivement, pendant plus de 40 ans, les villages de Haute-Loire et ceux qui les peuplent ont fait toute sa vie, et forcément, après tout ce temps, la rupture n’a pas été aisée. « J’ai quitté Saugues sans successeur, et j’ai eu la sensation d’abandonner des gens que j’avais soigné pendant 45 ans. Ce livre c’est pour leur dire: je ne vous oublie pas même si je ne suis plus là » confie-t-il.
Georges Vieilledent a grandi en Algérie, et très vite, il se retrouve pensionnaire à Alger chez les Jésuites. « Comme mon père était militaire, j’ai dû aller en pension. Je me suis retrouvé abandonné, et ça a dû me tarauder inconsciemment toute mon existence. Du coup, quand je vois quelqu’un qui est à l’abandon, il faut que je fasse quelque chose. Je pense que c’est de là que me vient ma vocation de médecin » souligne-t-il. Après le bac, il rejoint donc la France pour ses études de médecine, et en 1968 il se retrouve un peu par hasard à Saugues.
Une autre réalité
C’est ici que commence son récit, Georges Vieilledent livre ses anecdotes sur quatre décennies d’exercice. Quelles soient graves, surprenantes ou tendres, elles laissent toujours transparaître une bienveillance pour ceux qu’il a côtoyé sur cinq générations. « L’écriture me permet de faire un travail d’introspection, de m’interroger sur les raisons profondes de mes motivations ou de mes échecs ».
Ce récit autobiographique, donne aussi une image de la réalité d’un médecin de campagne, une réalité singulière : « Je me suis retrouvé seul. Il fallait que je donne rapidement des solutions à des problèmes existants dont je ne connaissais rien. On est obligé de faire, il n’y a que nous » souligne-t-il. Les accidents de tracteur, les épidémies de brucellose, le poumon fermier, les suicides d’agriculteurs, la progression des cancers : la campagne possède son propre lot de pathologies et d’évènements, auxquels il faut s’adapter.
A ses débuts dans la région, Georges Vieilledent est en charge d’une clientèle potentielle de 7000 personnes, dans un rayon de 30 kilomètres. L’isolement géographique de l’endroit fait de lui un pilier pour les habitants, un pilier sur qui compter pour tout, même des choses assez inédites pour un généraliste. « Au cours de ma carrière j’ai dû réaliser 1000 accouchements ». Au delà de la vie d’un médecin de campagne, le livre est aussi un miroir de l’évolution de la médecine, même si la campagne altiligérienne décrite par le docteur Vieilledent semble parfois vivre dans son propre temps.
Depuis sa retraite, Georges Vieilledent est retourné vivre à Montpellier, ville de ses études. Il reste, pour quelques heures par semaine, médecin coordinateur dans une maison de retraite, et ses patients de Saugues continuent de l’appeler. « On vient de me proposer une mission à Madagascar, de manière épisodique. J’ai bien envie d’aller voir, de tenter ce nouveau challenge » confie-t-il. Le généraliste n’exclut pas non plus de se replonger dans l’écriture, pour s’essayer à la fiction cette fois-ci.
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