La dernière ligne droite des négos s’annonce comme une course d’obstacles. Après la séance plénière du 8 février qui n’a pas convaincu les représentants de la profession, malgré la proposition d’une consultation de référence à 30 euros et une série de revalorisation ciblées, le directeur général Thomas Fatôme a rencontré cette semaine en réunions bilatérales quatre syndicats représentatifs des médecins libéraux (CSMF, MG France, Avenir Spé-Le Bloc et FMF).
Malgré un « climat constructif », de l’avis général, l’idée d’une signature avec la Cnam est loin d’être acquise « à ce stade », selon les représentants syndicaux contactés ces derniers jours par Le Quotidien. « Il n’y a eu aucune nouvelle proposition et on est encore très loin du compte », résume le patron de la CSMF, le Dr Franck Devulder, qui évoque plusieurs points de blocage. Si la hausse du G à 30 euros était attendue comme un prérequis, l’absence de calendrier d’application a fortement irrité les syndicats. « Le choc d’attractivité, c’est maintenant et pas dans 10 mois. S’il faut attendre 2025, voire 2026, c’est non pour nous », avertit le gastroentérologue de Reims. Dans ce cadre, la suppression des six mois de stabilisateurs économiques est une revendication jugée non négociable. « On veut que cette règle soit supprimée », confirme la Dr Agnès Giannotti, présidente de MG France. Pour ces deux leaders syndicaux, deux autres « revalos » manquent aussi dans la copie de Thomas Fatôme pour les généralistes : la visite à domicile et les consultations longues et complexes. « Sur ces deux points, nous n’avons eu aucune réponse », déplore le Dr Devulder.
Inéquitable
Côté médecins spécialistes, c’est toujours la soupe à la grimace, avec un fort sentiment d’inéquité. Les syndicats ont fait leurs calculs et la hausse moyenne du chiffre d'affaires dans certaines spécialités (notamment cliniques) est jugée totalement inacceptable. « Comment vais-je expliquer aux endocrinologues et aux gynécologues médicaux que leur revalorisation sera deux fois moins que celle des pédiatres et des généralistes ? », illustre le Dr Devulder.
L’intersyndicale Avenir Spé-Le Bloc, majoritaire, est très remontée sur la question des honoraires. « Les dépenses annuelles pour les spécialistes libéraux représentent entre 11 et 12 milliards d’euros. Or, la Cnam ne nous a proposé qu’une enveloppe immédiate de 100 millions d’euros pour réévaluer le niveau de nos actes, soit à peine 1 %, dénonce le Dr Patrick Gasser, co-président. Ça ne correspond même pas à l’inflation », tonne le gastroentérologue de Nantes. « On est très loin d’un possible atterrissage pour une signature conventionnelle », juge-t-il, évoquant un camouflet.
Revendication d’un espace de liberté tarifaire
La FMF partage cette analyse. Reçue ce vendredi par le DG de la Cnam, la Dr Patricia Lefébure n’a pas vu le « choc d’attractivité » proclamé par le gouvernement et le syndicat juge de surcroît les contreparties « irréalisables » en matière d’objectifs collectifs (accès aux soins et prescriptions). « Nous demandons donc la création d’un espace de liberté tarifaire, une réforme structurelle indispensable pour inciter les médecins à s’installer. Mais clairement, l’Assurance-maladie n’a pas les moyens de ses ambitions », déplore la généraliste. La CSMF a aussi proposé une généralisation de l’Optam (option de pratique tarifaire maîtrisée) pour tous les médecins, seule façon à ses yeux de retrouver de l’oxygène.
Une nouvelle séance multilatérale programmée pour le 14 mars. Les syndicats veulent croire à un « sursaut » de la part de la Cnam pour « trouver des conditions d’une signature ». Pour l’instant, elles ne sont pas réunies.
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