8 % de grévistes parmi les personnels hospitaliers, 12 % chez les infirmières… Selon le ministère des Affaires sociales, la grève de mardi a été modérément suivie à l'hôpital. Mais ce fut une démonstration de mouvement unitaire, une première depuis 1988, afin de dénoncer des rythmes de travail, le manque de temps passé auprès de malades et demander une meilleure reconnaissance de leurs tâches. Les fédérations FO, CGT, SUD et CFTC de la fonction publique hospitalière, mais aussi, une vingtaine d'organisations infirmières salariées, libérales ou étudiantes, avaient en effet choisi la même date pour tirer la sonnette d'alarme, pour la première depuis 28 ans.
Les protestataires se sont d'ailleurs fait entendre assez massivement dans la rue. Plusieurs milliers d'infirmiers et d'aide-soignants ayant défilé mardi partout en France. A Paris, le cortège de 3 500 manifestants, selon la préfecture de police, scindé entre intersyndicale et organisations professionnelles, a rejoint à la mi-journée le ministère de la Santé. "Infirmiers méprisés, patients en danger", ont scandé les manifestants vêtus de blouses blanches ou bleues, masques sur le visage et calot sur la tête. "Les sous-effectifs, c'est pas automatique", pouvait-on lire sur une pancarte, tandis qu'une longue banderole en tête de cortège titrait : "#Soigne et tais-toi". A Strasbourg, entre 500 et 650 salariés des hôpitaux, selon les syndicats et la police, ont battu le pavé, quasiment autant qu'à Orléans (500 selon les organisateurs). Ils étaient environ 250 à Rennes au slogan de "Ni amendable, ni négociable, retrait de la loi Touraine", 1 100 à Nantes, selon la police. Ils étaient quelques centaines à Marseille, 450 à Montpellier, selon la préfecture, 350 à Tarbes, environ 200 à Lille, Besançon et Bourges, 300 à Nice et Nancy, ou encore 1 300 à Lyon selon la police, (2 000 selon les organisateurs).
Ce front hospitalier n'est d'ailleurs peut-être pas près de se refermer. L'intersyndicale, reçue mardi par la Direction générale de l'offre de soins (DGOS) au ministère de la Santé, ne s'est vue proposer "qu'un groupe de travail sur la qualité de vie au travail", a regretté Denis Basset (FO). Elle se réunira mercredi pour envisager de nouvelles mobilisations, comme une "grève générale et une manifestation nationale à Paris".
Question au Gouvernement de Patrick Weiten sur... par Groupe-UDI-AN
La journée de grogne a eu aussi des échos politiques. Dans la matinée, Alain Juppé avait apporté son soutien aux grévistes, jugeant dans un tweet que "l'État doit agir pour améliorer les conditions de travail". Et la question a animé les débats de l'Assemblée, pas moins de trois questions au gouvernement ayant été posées sur ce sujet par des élus d'opposition. Le gynécologue mosellan (Les Républicains), Alain Marty évoquant "ces professionnels de santé épuisés et stressés" et s'exclamant, à l'intention de la ministre de la Santé : "Votre loi santé s'est mise à dos l'ensemble des acteurs de santé!" Prenant le relais, le communiste du Cher Nicolas Sansu a dénoncé la politique d'austérité à l'hôpital, épinglant "une République des comptables" et accusant le gouvernement d'avoir fermé des postes. Enfin, le député UDI de Moselle Patrick Weiten a insisté sur "les cadences infernales" et "l'insécurité" pour les personnels hospitaliers, estimant que "depuis 2012, vous avez rendu leur métier inhumain."
En réponse, Marisol Touraine s'est inscrite en faux contre ces accusations, rappelant que le gouvernement avait créé "31 000 postes à l'hôpital depuis 2012". La ministre a redit qu'elle présenterait prochainement un plan pour améliorer les conditions de travail. Venant à la rescousse, Manuel Valls a interpellé les candidats à la primaire de la droite, face aux demandes de créations de postes par l'opposition dans la police, l'hôpital ou l'éducation, : "Comment on fait avec 300.000, 500 000, 700 000 fonctionnaires de moins ?", a-t-il dit en référence à leurs programmes.
Question de M. Alain Marty à Mme Marisol Touraine par MarisolTouraine
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