Bien qu’autorisée depuis 1978 l’IVG est très compliquée à obtenir en Italie. Dans ce pays très marqué par le catholicisme, 70% des médecins refusent cette pratique en faisant jouer leur clause de conscience. Pour faire face à cette problématique, l’hôpital public San Camillo de Rome a recruté deux obstétriciens, notamment pour réaliser des IVG. L’appel à candidatures spécifiait que ces médecins puissent répondre aux besoins de l’établissement dans ce domaine, conformément à une loi communément appelée en Italie "la loi 194".
Ce recrutement a fortement fait réagir dans le pays transalpin. Ce critère de sélection excluait de fait tout candidat objecteur de conscience, a réagi la conférence des évêques italiens (CEI) en rappelant qu'un article de la loi autorise aussi les médecins à refuser de pratiquer des avortements pour des raisons religieuses ou personnelles. "On dénature la loi 194 qui n'avait pas pour but d'inciter à l'avortement mais à le prévenir", a déclaré un responsable sanitaire de la CEI, père Carmine Arice, cité jeudi par La Repubblica. Une réprobation appuyée par le cardinal Camillo Ruini pour qui il s'agit là "d'une nouvelle manifestation d'une tendance à contester et à empêcher l'objection de conscience".
Le gouvernement s'est joint au choeur des critiques par la voix de la ministre de la Santé, Beatrice Lorenzin, qui a souligné que la loi "ne prévoyait pas ce type de sélection". Des arguments rejetés par Nicola Zingaretti, président de la région du Latium, l'autorité de tutelle en matière sanitaire, pour qui "l'objection de conscience est garantie à 100%". Selon lui, l'appel à candidatures n'exclut pas les objecteurs de conscience mais "expose clairement la tâche qui devra être effectuée en cas d'embauche et qui fera évidemment partie du contrat".
Le cas du Latium pourrait en appeler d’autres puisque certaines régions peinent encore davantage à appliquer le droit à l’IVG. Dans la région de Molise par exemple, dans le sud du pays ils sont plus de 90% à refuser de pratiquer les avortements. Une carence qui pousserait les femmes, selon les organisations de défense du droit à l'IVG, à avorter clandestinement, mettant ainsi leur santé, et parfois leur vie, en danger. Nombreuses sont celles qui sortiraient ainsi des statistiques officielles qui montrent que le nombre d'avortements légaux a considérablement baissé en Italie en 30 ans, passant de 234.801 cas en 1982 à moins de 100.000 en 2014.
Un bateau pour avorter au Guatemala
Autre pays, autre contexte... et autre stratégie pour contourner les restrictions à l'IVG... L’ONG néerlandaise « Women of waves » doit arriver ce jeudi au large du Guatemala avec son opération un « navire pour l’avortement ». L’ONG proposera des IVG dans un bateau aux femmes du pays. L'avortement est uniquement autorisé au Guatemala si la vie de la mère est en danger et chaque année, près de 65.000 avortements illégaux sont effectués dans ce pays d'Amérique centrale, troisième cause de mortalité de la mère, assure l’ONG. Le navire s'amarrera dans le port de Puerto San Jose, à environ 100 kilomètres au sud de la capitale, et restera sur place pendant cinq jours, a ajouté l'ONG dans un communiqué.
"Le navire proposera des avortements médicamenteux légaux et gratuits jusqu'à dix semaines de grossesse, après avoir rejoint les eaux internationales", a-t-elle ajouté, soulignant que des services de conseil et de soins seront également disponibles. "Women on waves" a déjà entrepris des actions similaires au large du Maroc, de l'Irlande, de la Pologne, du Portugal et de l'Espagne, qui ont à chaque fois entraîné des protestations de groupes opposés à l'avortement.
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