Près des trois quarts des Européens pensent que la violence domestique à l’égard des femmes est répandue dans leur pays mais environ une personne sur cinq adoptent une attitude qui tend à culpabiliser les victimes de violence genrée. Pire encore, 27 % des habitants de l’UE pensent que des rapports sexuels sans consentement peuvent se justifier dans certains cas ! Ces chiffres frappants proviennent d’une enquête commandée par la Direction générale de la justice et des consommateurs de la Commission européenne. Ce sondage réalisé dans les 28 États de l’Union européenne entre le 4 et le 16 juin 2016 incluait environ 28 000 citoyens de l’UE.
Violence domestique : la majorité des victimes restent des femmes mais…
Parmi les participants, 29 % estiment que la violence domestique à l’égard des hommes est répandue dans leur pays, même si ce chiffre cache de grandes disparités entre les territoires avec un maximum de 61 % au Royaume-Uni et un minimum de 8 % en Bulgarie (contre 32 % en France).
Bien que presque la totalité des interrogés (96 %) déclarent que la violence domestique à l’égard des femmes est inacceptable, 12 % pensent tout de même qu’elles ne doivent pas être systématiquement punies par la loi. Les données pour les violences envers les hommes sont similaires. Ceci pourrait s’expliquer par le fait que pour 15 % des sondés la violence domestique demeure une question d’ordre privé. Curieusement, ce sont les personnes vivant dans l’est de l’Europe qui sont les plus susceptible de partager ce point de vue.
Ainsi au sein de l’UE, 24 % des personnes connaissent un ami ou un membre de la famille qui a été victime de violence domestique et 18 % connaissent quelqu’un dans leur voisinage dans le même cas. Si la plupart en parlent à quelqu’un (39 %), c’est à un proche ou aux personnes concernées (33 %) mais plus rarement aux autorités (12 %). En comparaison, dans l’hexagone ils sont un peu plus nombreux à prévenir la police (16 %). Point positif, près des trois quarts des Européens savent qu’il existe des services de soutien pour les victimes.
Juridiquement, la violence de genre est punissable, mais jusqu’où ?
Pour 44 % des habitants de l’UE, critiquer un partenaire pour qu’il se sente inférieur ne devrait pas être illégal. De même, 41 % sont de cet avis à propos des commentaires ou « blagues » à connotation sexuelle adressés aux femmes dans la rue. Par ailleurs, une personne sur cinq dans l’UE pense que de toucher une collègue de façon inapproprié ou de contrôler son partenaire notamment en lui confisquant son téléphone ne devraient pas être punissable par la loi. Ils sont également 16 % à le penser au sujet de mails sexuellement explicites. Enfin, 11 % des participants prétendent que forcer un partenaire à avoir des relations sexuelles ne devrait pas être illégal !
En comparaison, ces chiffres sont plus faibles en France. Par exemple, ils sont 29 % respectivement à penser que de rabaisser son conjoint ne devrait pas être punissable, et 3 % à être du même avis sur le fait de forcer son partenaire à avoir des rapports. En général, dans tous les pays, la majorité des interrogés jugent ces comportements comme répréhensible.
Harcèlement et agressions sexuels, la chasse aux idées reçues
En moyenne, 70 % des Européens estiment que le harcèlement sexuel est répandu dans leur pays. Néanmoins, on constate une grande divergence d’opinions en fonction des états membres, on passe de 89 % en Italie à 32 % en Estonie. En Europe comme en France, plus de 8 individus sur 10 présument que les mauvais traitements envers les femmes ont plus de risque de se produire à la maison. Paradoxalement, plus d’un tiers des personnes vivant dans l’UE pensent que les femmes sont plus susceptibles d’être violés par un inconnu que par quelqu’un qu’elles connaissent. En France, que 26 % des habitants partagent cette opinion mais ils sont 57 % en République Tchèque.
En outre, en ce qui concerne les accusations de mauvais traitements ou de viols, 22 % des sondés jugent que les femmes les inventent ou les exagèrent souvent, même si là encore, les proportions diffèrent nettement entre les pays, les données allant de 47 % à Malte à 13 % en France et 8 % en Suède. Certains vont plus loin, pour près d’un participant sur cinq, la violence à l’égard de la gent féminine est souvent provoquée par la victime. Les personnes questionnées dans les pays de l’Est sont les plus enclines à être d’accord avec cette affirmation avec une proportion de 57 % en Lettonie ou 45 % en Lituanie contre 6 % aux Pays Bas, 9 % en Suède ou 12 % en France.
Des rapports non consentis justifiables ?
Résultats encore plus choquants : plus d’un quart des participants déclarent que les rapports sexuels sans consentement peuvent se justifier dans des situations telles qu’être ivres ou sous l’effet de drogues (12 %). Le fait de se rendre volontairement chez quelqu’un rend l’agression excusable pour 11 % des habitants de l’UE. De même, pour 10 % d’entre eux, porter une tenue sexy, ne pas dire clairement non ou de ne pas riposter physiquement justifie aussi ces circonstances.
Les individus vivant en Roumanie et en Hongrie demeurent parmi les plus susceptibles d’affirmer que chacune de ces situations justifie des relations sexuelles non consenties contrairement à ceux habitant la Suède et l’Espagne qui restent les moins enclins à partager cette opinion. La France, quant à elle, avance des chiffres semblables à ceux de l’ensemble de l’UE. Plus curieux, on ne constate pas de différences majeures entre les femmes et les hommes questionnés dans l’hexagone. Apparemment, 16 % des hommes et 17 % des femmes en France estiment que porter une tenue sexy rend l'acte justifiable.
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