La place de l'HAD dans le système de soins progresse, mais trop lentement pour atteindre les objectifs fixés par les pouvoirs publics. Quoique encouragée par la loi sur la fin de vie et la loi santé, l'hospitalisation à domicile peine à s'imposer dans le paysage français, même si les conclusions présentées mercredi lors de la 20e Journée nationale de l'HAD placent la France parmi les pays où la pratique est la plus développée dans le monde.
Selon les derniers résultats sur l'année 2015, en 2015, 19 patients sur 100 000 habitants ont été hospitalisés à domicile. Or l'objectif fixé pour 2018 est d'atteindre 30 à 35 patients par jour pour 100 000 habitants. La progression de l'activité entre 2014 et 2015 confirme cette tendance timide : après 1,7 % entre 2013 et 2014, la HAD progresse de 4,6 % entre les deux années suivantes. Dans le dernier rapport d'activité de la FNEHAD, on observe même pour la première fois depuis 10 ans, une baisse du nombre de patients en HAD (-0,3 %), soit 105 008 hospitalisés.
Touraine ouvre l'HAD aux Ehpad
Cette stagnation qui pourrait être préoccupante pour les pouvoirs publics, alors que le mot d'ordre est au "virage ambulatoire". Marisol Touraine a en tout cas annoncé cette semaine que les restrictions encadrant le recours à l'hospitalisation à domicile en EHPAD seraient levées à compter du 1er mars 2017, les personnes âgées concernées pourvant accéder à un ensemble de soins dans leur établissement de résidence, sans se déplacer à l’hôpital. Cette ouverture concerne notamment l’assistance respiratoire, la nutrition parentérale et entérale, les traitements intraveineux, les soins palliatifs, la chimiothérapie, la surveillance post-chimio, la prise en charge de la douleur, les pansements complexes, les traitements post-chirurgicaux, la rééducation orthopédique ou neurologique, les soins de nursings lourds, la surveillance de radiothérapie, les transfusions sanguines, la surveillance d'aplasie ou encore les sorties précoces de chirurgie.
Quels soins, quels patients ?
D'après le rapport de la FNEHAD, si l'on regarde de plus près les modes de prise en charge en 2015, on observe que l'HAD est utilisée principalement pour des pansements complexes, soins spécifiques et stomies compliquées (25 %), suivis des soins palliatifs (24 %), des soins de nursing lourd (11 %), la nutrition entérale (7 %) et le traitement intraveineux (6 %). Par ailleurs, un tiers des journées en HAD concerne des pathologies cancéreuses.
Afin d'atteindre leurs objectifs, les pouvoirs publics peuvent cependant compter sur "les travaux lancés par la HAS sur l'élaboration d'un algorithme à destination des prescripteurs", comme l'indique le rapport. Mais aussi sur "l'ATIH et la DGOS, qui ont lancé des travaux préparatoires à la réforme de la T2A et l’HAD dont la mise en œuvre est prévue pour 2019-2020".
Exception française ?
Malgré ces résultats décevants pour la Fnehad que préside l'ancienne ministre de la santé, Elisabeth Hubert, la France se démarque de ses voisins européens et mondiaux et fait office de bonne élève concernant l'HAD, aux côtés de l'Espagne et l'Australie. Le rapport précise que ces trois pays ont en effet diffusé cette pratique sur l'ensemble du territoire "grâce à des expériences de terrain et des incitations légales et tarifaires". D'autres pays comme les États-Unis, l'Angleterre, l'Italie, le Canada et la Suède "disposent eux aussi de ce système de longue date, mais sur un nombre restreint de territoires et de pathologies".
La France est devant en termes de nombre moyen de patients pris en charge en HAD par jour par rapport à ses voisins (19 pour 100 000 habitants en 2015 contre respectivement 8 et 6 pour l'Australie et l'Espagne). On remarque aussi dans le rapport de la FNEHAD que la part de l'activité réalisée par des établissements publics est de 26 % en France, contre plus de 90 % en Espagne et en Australie.
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