De plus en plus spécialisées dans la grande dépendance, les Ehpad ? La dernière étude du service statistique du ministère de la Santé incline en effet à le penser. Et encore, on ne peut pas exclure que la situation ne se soit pas aggravée depuis cette enquête fondée sur des chiffres de 2009. La photographie de la DREES réalisée cette année-là révèle en tout cas que pas moins de 86 % des 75 ans et plus résidant en institution sont dépendants. C’est beaucoup plus que les personnes de la même tranche d’âge restées à domicile, qui ne sont que 13 % dans cet état.
Plus le degré de dépendance croît, plus la différence est d’ailleurs importante : en institution, la moitié des résidents émargent aux deux derniers GIR (GIR 2 et 1), contre 3 % seulement à la maison. Ce sont ainsi 45 % des pensionnaires de maisons de retraite qui déclarent une limitation sensorielle et 91 % des limitations physiques : 8 sur 10 ont ainsi « beaucoup de difficultés » à évoluer dans un escalier et deux sur trois sont peu ou prou affligées de problème d’incontinence.
Sur le plan psychique, le bilan est lourd également. En institution, pas moins de 68 % des 75 ans ou plus sont atteints d’un déficit cognitif, contre 16 % seulement de ceux qui sont restés chez eux. Les statisticiens estiment qu’un tiers des patients d’Ehpad seraient atteints d’Alzheimer et 6 % de la maladie de Parkinson : toutes pathologies rencontrées au domicile dans seulement 4 % et 2 % des cas. Idem pour les suites d’AVC : 14 % se trouvent en ehpad vs 6 % à domicile.
Cela ne veut pas dire que, passés les trois quarts de siècle, toute pathologie grave soit évacuée du domicile. Mais alors cela suppose des états nécessitant moins d’aide ou de soins. Ainsi du diabète (13 vs 12 %), du cancer (10 vs 10 %), ou de la bronchite chronique (12 vs 10 %) rencontrés à peu près aussi fréquemment dans les établissements qu’en dehors, passés 75 ans.
En revanche, d’autres tracas liés à l’âge sont davantage rencontrés au domicile, comme la cataracte, l’arthrose, les lombalgies, les cervicalgies et l’arthrite. Il est pourtant d’autres affections non vitales plus souvent rencontrées dans les Ehpad. Ainsi, 56 % des enquêtés en Ehpad déclarent avoir perdu presque toutes leurs dents, contre 42 % à domicile. La dénutrition semble aussi plus fréquente en institution : elle frapperait 35 % des résidents contre seulement 15 % des personnes âgées en dehors.
Voir aussi notre dossier : "De quoi souffrent les patients en Ehpad ?"
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