Du mieux… De l’avis majoritaire des leaders syndicaux, l’Assurance-maladie a retenu la leçon de la dernière multilatérale et a revu sa copie sur plusieurs points sensibles. Plusieurs syndicats relevaient ainsi des « avancées », à l'issue de cette séance multilatérale de négociations tarifaires, avant une nouvelle réunion prévue fin mars–début avril, qui s'annonce déterminante.
« Il y a des choses absolument nouvelles qui n'étaient pas là jusqu'à maintenant, en particulier l'instauration d'une consultation longue du médecin traitant », pour un montant de 60 euros, a analysé la Dr Agnès Giannotti, présidente du principal syndicat de généralistes, MG France. « On espère améliorer encore le dispositif », a-t-elle ajouté, saluant les majorations proposées pour les consultations la nuit et les jours fériés. Ces majorations ne seront pas accessibles en téléconsultation et excluront de fait les plateformes, s'est-elle félicitée. Il y a eu « des éléments intéressants et quelques précisions, la Cnam est en bonne voie » , estime aussi le Dr Jean-Christophe Nogrette, secrétaire général adjoint de MG France.
Côté spés, les avis divergent
La Cnam a aussi tenté de corriger le tir après avoir donné le sentiment aux spécialistes d’être laissés sur le bord de la route. L’ajustement annoncé du périmètre de l’avis ponctuel de consultant (APC) tarifé à 60 euros, la possibilité de le facturer lorsqu’un patient a besoin d’être vu en consultation « dans le mois suivant la télé expertise demandée par le médecin traitant » sont autant d’avancées reconnues, tout comme la revalorisation de la consultation des psychiatres à 57 euros ou les majorations proposées pour les gériatres, les endocrinologues, les dermatologues ou les gynécologues médicaux.
« Il faudra voir le chiffrage global de ce qui est mis sur la table, mais il y a des avancées par rapport aux précédentes propositions. C’est indéniable », relève la Dr Sophie Bauer, jusqu’alors très remontée sur le peu de moyens dévolue à la médecine spécialisée. « La caisse a dû obtenir une petite rallonge de Bercy », glisse même la présidente du SML. Parmi les nouveautés, elle apprécie l’idée d’un possible « partage » des économies entre l’Assurance-maladie et les médecins, dans le cadre de l’amélioration de la pertinence et de la qualité des soins.
« Il reste des points essentiels qui ne sont toujours pas réglés
Dr Bruno Perrouty, président de la branche spécialiste de la CSMF
À la CSMF, on se déclare aussi plutôt satisfait du déroulé des échanges. « Dans la structuration, les choses avancent. Mais il reste des points essentiels qui ne sont toujours pas réglés, comme la CCAM technique [l’enveloppe financière est inconnue] et l’Optam [option de pratique tarifaire maîtrisée] », résume le Dr Bruno Perrouty, chef de file de la branche spécialiste de la centrale polycatégorielle.
« C’est une nouvelle étape. On a abordé des sujets de médecine générale importants : la PDS-A, le SAS, veiller à éviter les effets d’aubaine pour les centres de soins non programmés », énumère aussi le patron des Généralistes-CSMF, le Dr Luc Duquesnel. Le généraliste mayennais tique cependant sur la proposition surprise d’une consultation longue du médecin traitant pour les patients de plus de 80 ans (CLA), portée à 60 euros mais facturable une fois dans l’année, « qui n’a pas de sens ».
L’UFML-Syndicat conteste de son côté le calendrier d’atteinte des objectifs (collectifs) d’accès aux soins qui n’est pas « atteignable », estime son président le Dr Jérôme Marty. Pour le généraliste de Fronton, le compte n’y est pas pour assurer le choc d’attractivité espéré en médecine libérale.
S’il est un leader qui n’a guère goûté cette 4è séance plénière, c’est le Dr Patrick Gasser, coprésident d’Avenir Spé-Le Bloc. « Il va falloir que les propositions de la caisse maturent. Pour l’instant, il n’y a pas grand chose pour nous, les spécialistes. En l’état, il n’y aura pas de signature de la part de notre syndicat », lâchait le gastroentérologue à la sortie de cette séance, avant de s’engouffrer dans l’ascenseur. Pourtant, son homologue, le Dr Bertrand de Rochambeau, gynécologue et lui aussi coprésident de l'union syndicale Avenir Spé-Le Bloc reconnaissait des « avancées ». Il y a encore « des choses à caler », a-t-il précisé.
Corriger le tir ?
Les partenaires conventionnels restaient toutefois dubitatifs, voire inquiets, sur l’accélération du calendrier. Le DG de la Cnam a indiqué vouloir les rencontrer à nouveau « fin mars, début avril » pour un cinquième round crucial, au cours duquel il présentera déjà une ébauche rédigée de projet de convention (sur les éléments non tarifaires) mais aussi l’investissement global de la Cnam et l’impact des revalorisation par médecin. « On n'est pas loin d'une copie qui a une tête de version finale », a jugé Thomas Fatôme. Les partenaires pourront-ils s’entendre ?
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