Jeunes généralistes

Pas si fastes, les revenus au début !

Publié le 13/02/2015
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Selon l’INSEE, les premiers pas des nouvelles pousses de la médecine libérale sont plus faciles qu’autrefois… sauf chez les généralistes ! Malgré la crise démographique et à cause de la féminisation de la profession, les jeunes qui vissent leur plaque en médecine générale mettraient toujours du temps à raccrocher le peloton de tête de leurs aînés.

Crédit photo : GARO/PHANIE

Les jeunes généralistes s’en sortent-ils mieux que leurs aînés financièrement ? À cette question, l’INSEE – qui consacre cette semaine une étude sur l’emploi et les revenus des indépendants – fait un peu une réponse de Normand. Son chapitre sur les jeunes médecins montre d’abord que les débuts des jeunes pousses de la médecine générale sont moins évidents que dans nombre d’autres spécialités. Premier constat sans appel : les généralistes installés depuis moins de cinq ans déclarent en moyenne 69 600 euros de revenus annuels, soit 15% de moins que la moyenne de la profession.

Cinq premières années compliquées

Les chiffres datent un peu – ils remontent à 2011 – mais ils montrent assez bien, que malgré la crise démographique, les cinq premières années d’un praticien ne sont pas si faciles. Nettement plus compliquées en tout cas que celles des autres jeunes spécialistes dont les revenus ne sont inférieurs que de 6% à la moyenne de leurs pairs… quand ce n’est pas franchement supérieur : +20% pour les jeunes ophtalmos, par exemple, dont l’activité a été dopée ces dernières années par les opérations de la cataracte.

Les experts de l’INSEE ne semblent pas surpris par leur trouvaille : « La construction de la patientèle des généralistes semble plus lente que celle de leurs confrères spécialistes », relèvent-ils doctement, rappelant que, d’ordinaire, les omnipraticiens atteignent un pic d’activité au bout de 19 ans contre 14 dans les autres disciplines. Mais, si la différence est si importante entre médecine générale et autres spécialités, c’est aussi du fait de la féminisation accrue de la première : alors que les femmes ne représentent pas un tiers (29%) des effectifs de la profession, elles sont désormais majoritaires (53% en 2011) chez les nouveaux installés. Or, l’INSEE est formel : « Avec un volume d’activité inférieur de 25% à celui de leurs homologues masculins, les femmes perçoivent en moyenne des revenus moindres ». La preuve ? L’écart de revenus avec la moyenne n’est plus que de 5,1% si l’on ne s’intéresse qu’aux hommes.

Enfin, dernier motif d’explication à cet écart d’évolution entre jeunes génés et jeunes spés : les différences statutaires entre les uns et les autres. L’INSEE observe que la pratique du secteur 2 est toujours plus répandue sauf, bien sûr, en médecine générale… Et il s’intéresse aussi à l’activité mixte en plein essor chez les spécialistes récemment installés : 53% d’entre eux faisant aussi du salariat contre 44% de leurs aînés. Cette constatation est vraie, peu ou prou, dans toutes les spécialités et les statisticiens de l’INSEE l’expliquent notamment par l’augmentation des contrats d’exercice libéral signés par des PH en début de carrière. Rien de comparable en revanche chez les jeunes généralistes chez lesquels on observe une évolution en sens contraire avec plutôt un recentrage sur le libéral exclusif.

Des honoraires plus généreux qu’au début des années 2000

Pas faciles donc les débuts de carrière en médecine générale… Mais peut-être moins difficiles que ceux qu’ont connus les générations précédentes. C’est la petite bouffée d’air frais apportée par cet état des lieux de l’INSEE : si l’on compare les premières années d’installation de la génération 2006-2011 à celles des primo installés 2000-2005, « l’ensemble des rémunérations perçues par les médecins installées depuis cinq ans a significativement augmenté entre les années 2005 et 2011 », relève en effet le rapport. Ce constat vaut pour la médecine libérale dans son ensemble. Malheureusement, il n’est qu’à moitié vrai pour la médecine générale : +2,4% en euros constants entre ces deux dates contre +7,5% chez les autres spés.

Quand on est le champion de France des statistiques, il y a toujours une explication plus pointue à avancer. À en croire donc l’INSEE, la dernière génération de MG, celle observée en 2011, aurait assez bien profité du tournant de la décennie tout de même, via des hausses de C et la création de forfaits plus conséquents que la précédente. Aussi, en gommant l’effet de la féminisation, l’INSEE arrive-t-il à calculer que le revenu d’activité a augmenté entre 2005 et 2011 de 7% en euros constants chez les généralistes. C’est une moyenne évidemment, calculée « toutes choses égales par ailleurs »… À croire finalement que la femme n’est pas du tout l’avenir de la médecine générale…

Paul Bretagne

Source : Le Généraliste: 2709