Il y a un an, le ministère de la Santé avait confié au Dr Patrick Pelloux une mission sur la prévention de la radicalisation et des atteintes à la laïcité au sein des établissements de santé et médico-sociaux.
À l’époque, le syndicat des médecins libéraux (SML) avait regretté que cette mission ne soit menée qu’en milieu hospitalier et avait appelé à l’étendre à la ville, elle aussi confrontée à des difficultés. L’organisation avait été entendue et avait été auditionnée, ainsi que l’Ordre des médecins dans le cadre de la mission Pelloux.
Ce jeudi, le Dr Pelloux a remis son rapport à Olivier Véran. Il fait état d’un phénomène difficile à quantifier, même si les cas de radicalisation au sens strict demeurent très faibles à l’hôpital, précise le ministère dans un communiqué, « à savoir quelques dizaines recensées sur environ un million d’agents publics ».
Le rapport formule une vingtaine de recommandations notamment pour former et sensibiliser les agents publics ou réformer la représentation et l’encadrement des cultes à l’hôpital. D’autres propositions concernent la gouvernance et la territorialisation, partant du constat d’une faible harmonisation notamment des outils de signalement entre régions.
Difficultés dans la relation patient/médecin
Trois recommandations portent aussi sur les pratiques médicales et la numéro 16 préconise d’ « engager une réflexion dans le secteur libéral ».
« La mission, qui a principalement associé le milieu hospitalier, a toutefois vocation à émettre des recommandations applicables au secteur médico-social, et également au monde libéral », souligne ainsi le rapport.
Il précise que les auditions menées auprès du Cnom ou du SML, « ont souligné des difficultés rencontrées dans la relation patient/médecin concernant des refus de soin ou des manquements au principe de laïcité dans des cabinets libéraux ». Des témoignages qui concernaient essentiellement des patients et peu les professionnels de santé.
La mission portée par le Dr Pelloux estime donc qu’une étude plus approfondie de ces phénomènes et de leur répartition sur le territoire devrait aussi être menée en ville. L’objectif est, comme pour l’hôpital, de pouvoir formuler un ensemble de recommandations, « pour mieux associer les professionnels de santé libéraux à la prévention et à la lutte contre la radicalisation, et à la préservation de pratiques de soin neutres et accessibles à tous dans le respect de la laïcité ».
Le SML demande des gages aux candidats à la présidentielle
Une recommandation que le SML appelle de ses vœux et dont il souhaite la mise en place le plus rapidement possible. Dans un communiqué, le syndicat rappelle que le secteur des soins de ville est également confronté à des difficultés et cite « les agressions perpétrées sur des médecins pour des raisons religieuses, les listes de soignants communautaires et les difficultés croissantes rencontrées dans l’exercice des médecins libéraux installés dans certains quartiers où le communautarisme s’est développé ».
Il demande donc que tous les candidats à la présidentielle s’engagent à lancer ce travail sur les phénomènes de radicalisation en médecine de ville. « Car il ne doit pas y avoir d’angles morts dans la République », affirme-t-il.
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