"L’aspect des poumons est compatible avec une asphyxie œdémateuse orientant vers une cause d'origine centrale qui peut survenir tant sous l'effet de toxiques, dont l’H2S, que d’une privation brutale d’oxygène résultant d'un arrêt cardiaque". À l’issue de l'autopsie et des analyses toxicologiques sur le joggeur breton décédé cet automne, le procureur de la République de Saint-Brieuc, n'est pas beaucoup plus avancé concernant la responsabilité des algues vertes. "En l’état des résultats de l’autopsie et des analyses anatomopathologiques, sans possibilité d’analyse toxicologique fiable, les causes de la mort ne peuvent être clairement déterminées", reconnaît Bertrand Leclerc, en charge de l'enquête sur le décès d'un coureur à pied quinquagénaire début septembre à l'embouchure du Gouessant (Côtes-d'Armor).
Sportif et habitué des lieux, cet homme avait été retrouvé mort le 8 septembre dans un secteur où des sédiments anciens d'algues vertes se mêlent à la vase. Les algues vertes dégagent, en se décomposant, de l'hydrogène sulfuré (H2S) dont les émanations, à doses élevées, peuvent entraîner la mort.
""L'éventuelle intoxication à l'hydrogène sulfuré est évoquée comme hypothèse en seule considération du milieu de découverte du corps : zones de vasières dont certaines portions dégagent, dans certaines conditions d'enlisement, des quantités toxiques voire mortelles de ce gaz", écrit en effet le magistrat, soulignant que la position de la victime "évoque un décès brutal". "Les analyses des vases et les mesures d’émanations de gaz ont révélé (...) en certains endroits, lorsque ces boues sont remuées, des émanations de ce gaz à des niveaux pouvant atteindre rapidement plus de 1 000 ppm" (partie par million, ndlr), écrit encore le procureur.
"La toxicité ainsi révélée des vasières du Gouessant paraissant constituer un risque réel pour la santé publique, le procureur de la République a néanmoins transmis ces éléments au Préfet des Côtes d'Armor", indiquait vendredi soir un communiqué. Après avoir écarté l'éventuelle responsabilité des algues vertes dans le décès du coureur à pied, le parquet de Saint-Brieuc avait ordonné fin septembre l'exhumation du corps du sportif.
C'est dans ce secteur de la baie de St Brieuc que 36 sangliers avaient péri en quelques jours à l'été 2011, ainsi qu'un cheval. Ce périmètre fut aussi le cadre du décès d'un transporteur d'algues vertes il y a quelques années : affaire Morfoisse que la justice a finalement refermée sur un non-lieu l'été dernier.
Un rapport de l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) avait alors mis en avant de fortes présomptions quant à la responsabilité des émissions d'hydrogène sulfuré provenant des algues en décomposition dans ces morts successives.
"L'absence de lien de causalité direct entre ce décès et la présence d'hydrogène sulfuré explique que le pôle santé publique du Parquet de Paris n'a pas attrait ce dossier au titre de sa compétence spécialisée", précise le magistrat. "Le Parquet de Saint-Brieuc va désormais analyser de manière approfondie l'intégralité des pièces de la procédure afin de déterminer si ses investigations complémentaires apparaissent nécessaires", conclut le procureur.
Ce décès avait suscité l'inquiétude de plusieurs associations pour lesquelles ces algues vertes en décomposition constituent un danger pour la santé publique, insuffisamment pris en compte par les autorités. Suite à ce décès, deux d'entre elles ont ainsi porté plainte contre le Préfet de la région Bretagne et celui des Côtes d'Armor.
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