Deuxième « bras de fer » d’ampleur pour les médecins biologistes, engagés dans une grève massive de trois jours. Jeudi midi, jusqu'à 95 % des laboratoires étaient fermés, selon l’Alliance de la biologie médicale (ABM), qui fédère les syndicats (Biomed, SDB, SLBC, SNMB) et les réseaux de laboratoires (Biogroup, Cerba HealthCare, Eurofins, Inovie, LBI, Synlab, Unilabs).
Depuis octobre, les biologistes protestent contre le « coup de rabot » imposé par le gouvernement « d’1,3 milliard d’euros sur quatre ans », prévu dans le budget de la Sécu 2023. « Insoutenable », pour l’ABM. « Nous sommes préparés à une mobilisation longue », confirme François Blanchecotte, président du SDB.
Vers une grève du DMP ?
L’ABM affirme avoir déjà tendu la main aux tutelles. « Nous avons proposé à l’Assurance-maladie 680 millions d’euros d’économies sur les quatre années à venir, soit 80 % des bénéfices obtenus pendant le Covid, insiste François Blanchecotte. C’est un effort très important ! ». Une proposition restée lettre morte. « Nous exigeons une réponse écrite et chiffrée de la Cnam », martèle le biologiste.
À défaut de signal clair, « la semaine prochaine nous arrêterons d’alimenter le DMP », prévient encore François Blanchecotte. Une menace qui n'est pas anodine car près de 40 % des données qui alimentent le dossier médical partagé sont adressées par les laboratoires d’analyses.
La spécialité est d’autant plus amère qu’elle explique avoir « permis d’économiser 5,2 milliards d’euros depuis plusieurs années ». Avec ce « coup de rabot aveugle », François Blanchecotte craint que l’exécutif « désorganise en quelques mois ce qui a mis 50 ans à être organisé en France ».
Avec les baisses de tarifs qui se profilent, l’ABM craint, à terme, la fermeture de 400 sites de « biologie de proximité » et la menace de 10 000 emplois.
« Profiteurs de guerre »
Alors que l'exécutif met en avant la croissance du chiffre d'affaires et les marges du secteur pendant la pandémie, les biologistes refusent d’être taxés de « profiteurs de guerre ». « Nous avions alerté le gouvernement sur la stratégie de dépistage open bar, sur le fait qu’elle engendrerait des dépenses considérables », réplique François Blanchecotte. « Ils récoltent le fruit de leur propre politique ».
L’ABM espère la réouverture rapide du dialogue et regarde avec envie la « petite victoire » obtenue par les confrères… radiologues libéraux. Le 28 novembre, le gouvernement a supprimé une mesure ancienne qui donnait la possibilité au directeur général de la Cnam de baisser unilatéralement les forfaits techniques d'imagerie. « Les radiologues ont eu le droit au dialogue, les médecins libéraux vont peut-être obtenir un compromis de la Cnam, avance François Blanchecotte. Il faut la même chose pour les labos ! »
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