Pour combattre les inégalités d'accès aux soins, notamment sur le plan financier, l'une des pistes envisagées par le président candidat est de rendre systématique le tiers payant en santé. L'idée d'une dispense d'avance de frais intégrale (part sécu et complémentaire) chez le médecin pour tous les assurés, révélée par le journal « Les Échos » a été confirmée au « Quotidien » par le Dr François Braun, référent santé de l'équipe de campagne d'Emmanuel Macron. Marqueur de gauche, le tiers payant généralisé, portée par la loi santé de Marisol Touraine en 2016, refait donc surface à l'entre-deux tours de l'élection présidentielle.
À l’époque, il n'a jamais pu s'appliquer face à la fronde de la communauté médicale. Les syndicats dénonçaient une déresponsabilisation des patients et une lourdeur administrative pour les médecins. En 2017, nommée ministre de la Santé, Agnès Buzyn avait tendu la main à la profession : le tiers payant est devenu alors simplement « généralisable ». Mais depuis, le dispositif imaginé par l'ancienne ministre de la Santé ne satisfait guère les libéraux. Les syndicats jugent que le système proposé par l'association Inter-AMC (rassemblant les assureurs privés) qui gère la part complémentaire reste « compliqué » et repose sur un conventionnement individuel très dissuasif.
Pas de surcharge administrative
Alors pour mieux faire passer la pilule, l'une des pistes de travail envisagée aujourd'hui par le candidat Macron est de « confier le rôle d'intermédiaire financière à l'Assurance maladie qui recouvrerait les fonds auprès des complémentaires ». Et pour encore mieux rassurer les médecins, le Dr Braun affirme que « toutes les mesures prises iront dans la voie de la simplification ». « L'objectif n'est pas de rajouter une surcharge administrative aux professionnels », dit-il. Quoi qu'il en soit, « tout est sur la table et il n'a pas encore été arbitré pour l'instant mais il n'y a pas de sujet tabou », ajoute le président du Samu-Urgences de France.
Contacté par « Le Quotidien », le président de MG France, le Dr Jacques Battistoni, est sceptique. Il rappelle que les médecins veulent « une garantie de paiement ». « Le fait d'avoir un intermédiaire qui l'assure est une avancée, admet-il. Mais j'imagine mal que l'Assurance-maladie nous laisse faire un tiers payant intégral sans nous demander de vérifier que le patient a une complémentaire ». Or, ajoute le généraliste normand « ce travail de vérification prend du temps et représente une charge de travail administrative supplémentaire ».
De son côté, le Dr Franck Devulder, président de la CSMF, souligne que son syndicat est toujours fermement opposé à « tout tiers payant généralisé obligatoire ». « En revanche, si on nous propose un dispositif non obligatoire simple d'usage alors faisons confiance aux médecins et patients pour que cela puisse fonctionner », martèle le gastro-entérologue de Reims.
Pratique libérale : la chirurgie en cabinet, sillon à creuser
Le déconventionnement tombe à l’eau ? Les médecins corses se tournent vers les députés pour se faire entendre
Mélanie Heard (Terra Nova) : « Une adhésion massive des femmes à Kamala Harris pour le droit à l’avortement »
Et les praticiens nucléaires inventèrent la médecine théranostique