Le bras de fer entre les biologistes médicaux et la Cnam continue. Depuis octobre, la profession proteste contre le « coup de rabot » imposé par le gouvernement « d’1,3 milliard d’euros sur quatre ans ». Après une grève massive des laboratoires de biologie le 15 novembre, l’Alliance de la biologie médicale qui fédère les syndicats (Biomed, SDB, SLBC, SNMB) et les réseaux de laboratoires (Biogroup, Cerba HealthCare, Eurofins, Inovie, LBI, Synlab, Unilabs) a décidé de suspendre la transmission des données de biologie sur Mon Espace santé « à compter du 15 décembre et jusqu’à nouvel ordre ». La spécialité dit aussi préparer une « mobilisation nationale d’ampleur qui débutera après les fêtes ».
L'ABM a ainsi mis sa menace à exécution, faute d'« un accord soutenable » pour le secteur avec la Cnam. Selon l'organisation, la proposition de l'Assurance-maladie d'un avenant à la convention de la biologie médicale « ne répond à aucune de nos interrogations et ne reprend aucune de nos propositions ». De fait, ce texte ne préciserait rien sur les tarifs pour les années 2024-2026, ni sur le financement des missions de prévention ou sur le périmètre de financement de l’innovation et des actes Covid. « Nous avons indiqué à l’Assurance-maladie que nous ne pouvions signer, en l’état, cette proposition », indique l'ABM.
Le gouvernement a souligné à plusieurs reprises que les marges confortables du secteur, encore dopées par le Covid, justifiaient un effort des biologistes.
10 000 emplois qualifiés menacés ?
Toujours opposés aux ponctions pérennes, les biologistes soulignent qu'ils sont disposés à « contribuer à l'effort de guerre » l'an prochain pour 250 millions d'euros – dont 105 millions au titre des tests Covid et 145 millions sur les autres examens. Ils acceptent de surcroît des baisses de tarifs entre 2024 et 2026 (à hauteur de 145 millions d'euros par an maximum), ce qui porterait les économies totales à 685 millions d’euros. « Notre proposition de compromis est responsable et réaliste (...) contrairement au projet gouvernemental d’une ponction d’1,3 milliard d’euros qui conduirait à la fermeture d’au moins 400 laboratoires de proximité, à la suppression d’au moins 10 000 emplois qualifiés et à une surcharge supplémentaire des services d’urgence », déplorent-ils. Faute de signal clair, l'ABM annonce « un mois de janvier noir » en plus de la suspension de l'alimentation des DMP.
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