Signé entre l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) et l'assurance-maladie, l'avenant 19 à la convention pharmaceutique mécontente le Syndicat des médecins libéraux (SML).
Dans ce texte que « Le Quotidien » a pu consulter, les parties signataires s'accordent pour « accompagner le développement de la dispensation adaptée » en officine. Objectif : « s’assurer de la délivrance de la quantité pertinente de médicaments nécessaires au traitement prescrit, afin d’éviter tout risque de mésusage sur la base d'une intervention pharmaceutique ». Le pharmacien serait rémunéré pour cette acte de dispensation adaptée, aux besoins thérapeutiques du patient.
Cette mission confiée aux officinaux ne passe pas du tout auprès du SML. Le syndicat du Dr Philippe Vermesch estime que la création de ce nouvel acte « consisterait à rémunérer le pharmacien pour qu'il ne dispense pas tout ou partie des traitements à posologie variable prescrits par le médecin ». Il épingle « le rôle du pharmacien censeur » chargé de « rationner » les dépenses maladie. « Cette perspective ne relève en aucun cas de la coordination des soins, mais vise à faire des pharmaciens le verrou de contrôle économique de la prescription médicale », tonne le Dr Philippe Vermesch. Et d'affirmer même « qu'à terme les pharmaciens prescriront à la place des médecins ».
MG France trouve aussi cette mesure « inacceptable ». « Si une réflexion commune sur la dispensation des médicaments et le rôle de conseil du pharmacien est nécessaire, elle devrait s’inscrire dans le cadre d’un accord interprofessionnel, et relève de toute évidence de protocoles d’exercice coordonné validés par les professionnels sur le terrain », écrit le syndicat des médecins généralistes. « Sa généralisation est inacceptable (...) dans le cadre d’un accord conventionnel signé par un seul syndicat de pharmaciens, en l’absence de concertation avec les syndicats médicaux », ajoute-t-il.
Missions de santé publique
Contacté par « Le Quotidien », Gilles Bonnefond, président de l'USPO, signataire de cet avenant, calme le jeu. « Ce travail se fait dans le respect de la prescription du médecin. L'objectif est de favoriser le bon usage des médicaments », explique le pharmacien à Montélimar. « À l'officine, ajoute-t-il, nous voyons des ordonnances avec des traitements contre la douleur, la constipation, des bains de bouche, des pommades d'hydratation cutanée avec des posologies variables ! Mon rôle est de s'assurer que le patient qui prend déjà régulièrement ces médicaments les prend dans de bonnes conditions de sécurité. Le dialogue entre le pharmacien et le patient permet de mieux ajuster l'utilisation de ces traitements. »
Cette évolution s'inscrit en tout cas dans le cadre de la montée en puissance des missions de santé publique des pharmaciens et la diversification du périmètre de leur exercice, y compris dans l'observance de leur traitement ainsi que la lutte contre l’iatrogénie médicamenteuse. En contrepartie de cette « dispensation adaptée », les pharmaciens percevront une rémunération dont le montant sera négocié sur le modèle de la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) des médecins.
(Mis à jour le 22 novembre)
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