C'est un premier revers pour le gouvernement. Les députés ont adopté ce jeudi en première lecture une proposition de loi pour abroger, et pas seulement suspendre, l'obligation vaccinale anti-Covid des soignants. Le texte doit encore être examiné au Sénat avant une éventuelle adoption définitive.
Devant l'Assemblée, le ministre de la Santé s'est opposé à un texte qui va, selon lui, « affaiblir notre capacité de réponse » et qui envoie un « message regrettable ». « Le complotisme l'a emporté sur la science », a-t-il déploré.
Le gouvernement a déjà annoncé la réintégration à venir des soignants non-vaccinés, après un avis de la Haute autorité de Santé (HAS), qui pourrait débuter dès le 15 mai. Mais la proposition gouvernementale est insuffisante pour de nombreux députés d'opposition, notamment d'Outre-mer. À l’instar de Jean Victor Castor (Guyane), auteur du texte étudié dans le cadre d'une journée réservée à son groupe à majorité communiste. « Le décret ne fera que suspendre les suspensions, laissant la possibilité au gouvernement » d'y recourir à nouveau, a insisté le député. Son texte prévoit également que les agents « conservent le droit à l'avancement qu'ils possédaient avant la suspension ».
Complotisme
Globalement, le débat est resté calme, loin de l'embrasement qu'avait suscité un texte LFI portant sur le même sujet, en novembre dernier. « Si jamais une réinfection arrivait nous serions désarmés », a pourtant grondé le député MoDem Philippe Vigier à la tribune. Son collègue de la majorité présidentielle, Frédéric Valletoux (groupe Horizons), a attaqué un texte qui va « favoriser le sentiment antivaccin ».
Les députés de gauche se sont attachés lors du débat à rejeter les accusations en « complotisme ». « Je redis le respect que nous avons pour les scientifiques, pour la vaccination », a insisté le secrétaire national du PCF Fabien Roussel. Plusieurs élus ont insisté pour obtenir une abrogation, afin qu'une éventuelle nouvelle obligation vaccinale passe forcément par le Parlement, et non par un décret gouvernemental.
Les députés de la majorité présidentielle (Renaissance, MoDem, Horizons) se sont tous prononcés contre. Mais ce fut insuffisant, face aux voix combinées des députés d'opposition, qui ont fait passer le texte avec 157 voix contre 137.
Aide médicale d’État (AME) : dans un centre de PMI en première ligne, deux sénateurs prennent le pouls du terrain
Un partenariat Doctolib/Afflelou ? Les ophtalmos libéraux ne font pas « tchin-tchin »
Enquête sur les restes à charge « invisibles » : 1 500 euros par an et par personne, alerte France Assos Santé
Missions, consultation et diagnostic, prescription : le projet Valletoux sur la profession infirmière inquiète (déjà) les médecins