Ils ne sont pas venus en consultation et ne se sont même pas donné la peine de prévenir. Ces « lapins » insupportent de plus en plus les praticiens libéraux qui ont l'impression que le phénomène ne fait que croître. Et ce n'est pas qu'une illusion puisque cela représente 3,4 % des rendez-vous donnés par les médecins généralistes et les pédiatres, 4,5 % pour les spécialistes, 6,2 % pour les dentistes, 2,6 % pour les masseurs-kinésithérapeutes et 4,2 % chez les psychologues.
Ces chiffres sont issus d'une analyse par la plateforme de prise de rendez-vous Doctolib de ses données sur 40 % des professionnels de santé utilisateurs sur les mois de septembre et octobre dernier. Soit une photographie de 30 millions de rendez-vous, « représentative » et témoignant « de comportements réels » assure la plate-forme. Sans surprise, le taux de lapins est plus important chez ceux qui prennent rendez-vous pour la première fois chez un professionnel : 6,4 % en moyenne contre 3,5 % pour les patients connus.
Annulations de dernière minute
Doctolib s'est également intéressé aux annulations de dernière minute qui chamboulent parfois les agendas. En moyenne, 40 % des consultations chez les généralistes et les pédiatres sont annulées dans les 48 heures après la prise de rendez-vous. Ce qui par définition ouvre de nouvelles possibilités de rendez-vous pour d'autres patients mais inégalement remplies selon les professions.
Un rendez-vous annulé 48 heures à l'avance trouve un nouveau preneur dans 76 % des cas chez les généralistes et les pédiatres, dans 53 % chez les spécialistes, dans 51 % chez les dentistes, dans 37 % chez les masseurs-kinésithérapeutes et dans 25 % chez les psychologues. Pour les premiers, « un délai d'annulation plus court leur permettra de remplacer davantage de rendez-vous en dernière minute », avance Doctolib qui souligne aussi que, dans tous les cas, il vaut toujours mieux annuler le plus tôt possible pour maximiser les chances de libérer la place pour un autre patient.
Nouvelles fonctionnalités
Forte de ces enseignements, la plateforme entend proposer à ses clients de nouvelles fonctionnalités pour lutter contre le phénomène des lapins. Elles devraient entrer en vigueur d'ici septembre 2023. Cela concerne notamment l'amélioration des rappels de rendez-vous. « Pour limiter tant que possible les oublis, le système de rappels va encore être affiné : augmentation de leur fréquence avec une notification le jour même, adaptation des heures d’envoi aux horaires où les patients sont les plus alertes, optimisation du contenu des rappels etc », annonce Doctolib. Elle entend aussi agir sur les modifications tardives réalisées par les patients.
Ainsi, par exemple, depuis janvier 2023, 5 000 médecins généralistes et pédiatres utilisateurs expérimentent un délai d’annulation en ligne plus court, jusqu’à une ou deux heures avant le rendez-vous médical. Enfin, Doctolib interrogera les patients sur les raisons de leur annulation « pour les responsabiliser et permettre aux professionnels de santé de mieux comprendre le phénomène ».
En adoptant la proposition de loi Rist mi-février, le Sénat a adopté le principe de la possibilité d'une taxe sur les lapins.
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