Le quartier de Saint-Leu, à Amiens (Somme), dispose depuis peu d’un cabinet médical flambant neuf, mais pas encore de médecin. Ce n’est pas la mairie, ni les élus locaux qui ont initié ce projet… le pharmacien local s’est lui-même retroussé les manches, sans aucune aide des pouvoirs publics, pour transformer entièrement un ancien institut de beauté situé tout près de son officine.
« J’ai emprunté 25 000 euros pour payer les fournitures, explique au “Quotidien” Gilles Tranchant. Pour limiter les frais, j’ai tout fait moi-même avec deux habitants du coin, l’eau, l’électricité, l’isolation, la mise aux normes… » L’investissement ne s’arrête pas là : le pharmacien a dû salarier un remplaçant pendant les travaux et payer le loyer du local de 76 m2 (1 200 euros par mois) dont il n’est que locataire.
Objectif : convaincre un médecin de s’y installer. Après le départ d’un généraliste du quartier au mois de juillet 2016, et la fermeture de son petit cabinet de 20 m2, le besoin devenait urgent, insiste Gilles Tranchant. « Ma pharmacie est devenue une annexe médicale… Les habitants me sollicitent pour leurs problèmes de santé, raconte le professionnel. On me demande de faire des points de sutures à l’officine ! Ça devient impossible. »
Amoureux de son quartier et de ses habitants
Formé aux soins d'urgences, le pharmacien touche-à-tout dit avoir conçu le cabinet médical comme un espace d’accès aux soins de premiers recours, pour « régler les petits accidents de la vie courante », qu’il voit défiler dans son officine.
Les sommes déboursées, de l’ordre de 50 000 euros, fragilisent l’équilibre financier de la pharmacie. Et pourtant, Gilles Tranchant dit ne pas attendre spécialement un retour sur investissement. Très impliqué dans la vie de son quartier qu’il « adore » et très proche de ses habitants, il espère surtout que l’arrivée d’un généraliste réglera les problèmes d’accès aux soins de la population.
« Il y a bien des médecins à environ un kilomètre d’ici, mais ils crient au secours, ils sont totalement saturés », s’alarme-t-il. Il assure que le praticien qui s’installera aura de quoi faire, d’autant plus que l’implantation de bâtiments universitaires à proximité va encore gonfler la patientèle. « Il y aura beaucoup de travail l’hiver, mais l’été sera calme… la moitié de la patiente est constituée d’étudiants », prévient Gilles Tranchant qui promet au futur généraliste une « qualité de vie fantastique ».
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