Le Pr Agnès Buzyn, affirme dans un entretien au « Parisien » paru ce vendredi que la lutte contre la désertification médicale, qui « cause un désarroi absolu pour la population », constitue sa « grande priorité ».
La ministre de la Santé annonce que, « pour la première fois », une « enveloppe » spécifique sera bientôt fléchée pour combattre ce fléau, sans en préciser le montant. « Ces moyens permettront aux territoires de mettre en place des actions selon leurs besoins spécifiques », poursuit-elle.
Agnès Buzyn réaffirme être opposée à d'éventuelles restrictions à la liberté d'installation : « On ne peut pas forcer des médecins qui ont fait onze ou douze ans d'études à s'installer quelque part. Le risque serait qu'ils ne veuillent plus faire ce métier, ou de les voir partir vers l'industrie pharmaceutique. »
Coup d'accélérateur sur la télémédecine ?
Elle estime en revanche possible d'« attirer les médecins avec des mesures fiscales avantageuses ». En s'exprimant ainsi, la ministre de la Santé marche sans surprise dans les traces de ses prédécesseurs, qui ont tous préféré l'incitation à la contrainte.
L'ex-présidente de la Haute Autorité de santé (HAS) veut encourager le regroupement des médecins en aidant à la création de maisons de santé pluriprofessionnelles, dont Emmanuel Macron veut doubler le nombre pendant le prochain quinquennat (pour passer à 2 000).
Le Pr Buzyn souhaite encore développer la télémédecine, notamment en psychiatrie et dermatologie avec des expérimentations dans les prochains mois.
Principale nouveauté qui pourrait trouver sa place dans le prochain budget de la Sécu : Agnès Buzyn propose de faciliter les consultations détachées de praticiens hospitaliers et de médecins libéraux en zones sous-dotées. « Une à deux fois par semaine, certains médecins pourraient être détachés pour aller donner une consultation dans les endroits en désertification, sans avoir l'obligation d'y vivre, argumente la ministre. Dans un rayon de 30 à 50 kilomètres, ils pourraient faire une consultation temporaire. »
Un nouvel outil dans la palette existante
Cette proposition se rapproche d'une option conventionnelle déjà existante, le contrat de solidarité territoriale, qui n'a pour l'heure pas permis d'obtenir de résultats significatifs.
Cette option incite des médecins n'exerçant pas dans une zone sous-médicalisée à consacrer dans l'année au moins 10 jours de leur activité libérale dans une zone fragile afin de prêter main-forte à leurs confrères. Le médecin volontaire signe un contrat de 3 ans renouvelable et bénéficie d'un bonus correspondant à 10 % des honoraires totaux (hors dépassements et forfaits), dans la limite de 20 000 euros, les frais de déplacements étant également pris en charge.
Ce nouveau dispositif viendrait compléter les dernières options conventionnelles, comme le contrat d'aide à l'installation, mais aussi la panoplie d'aides et incitations mises en place par les précédents gouvernements comme les contrats d'engagement de service public (CESP), bourses versées aux étudiants qui s'engagent à s'installer dans une zone sous-dense, ou encore le dispositif du praticien territorial de médecine générale (PTMG), qui garantit à mille jeunes un revenu mensuel brut garanti de 6 900 euros brut.
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