Un cabinet médical gratuit à vie

Arnac-la-Poste cherche (chèrement) son généraliste

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Publié le 03/04/2018
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« Nous avons une pharmacie dans le bourg, deux cabinets d’infirmiers sur le canton, un centre de secours de pompiers, un EHPAD qui ne demande qu’à être pourvu d’un médecin, et nous sommes en zone de revitalisation rurale. Avec une population d’un millier d’habitants intra-muros et une patientèle potentielle d’au moins 3 000 personnes sur le territoire communal, nous avons largement de quoi faire vivre raisonnablement un généraliste. »

Marianne Deverines, maire d’Arnac-la-Poste, au nord de la Haute-Vienne, essaie de trouver un médecin pour ses administrés depuis plus de dix-huit mois. Et elle y met du sien. On peut ajouter à la liste des avantages du bourg un cabinet médical, propriété de la municipalité qui a été rénové, modernisé, décoré, réaménagé, transformé en outil performant, et un logement, formé d’un pavillon de 99 m2, tout confort, au loyer de 500 euros par mois. Coût total de l'opération pour la mairie : 68 000 euros. 

Avec un sacré bonus pour le médecin : l’utilisation du cabinet médical gratuitement et sans limite dans le temps. « Nous offrons en prime six mois de loyer gratuits pour le logement, précise Marianne Deverines. Les confrères alentour sont tous âgés, à quelques années de leur retraite, ce qui augmentera le nombre de patients, et l’ancien titulaire a fait toute sa carrière chez nous, sans se plaindre de ses revenus. »

« Chabatz d’entrar »

Malgré tous ces atouts, Arnac-la-Poste est à la peine depuis 2014. Une remplaçante, d’origine roumaine, a occupé le siège l’année suivante, mais a semble-t-il tout laissé en plan dès qu’on lui a demandé de régler le loyer de son habitat.

La maire d’Arnac a donc contacté la fac de médecine limougeaude, les différents organismes de la profession et un cabinet de recrutement privé, qui lui a déjà fourni une liste de postulants. Les entretiens sont en cours, les contacts sont pris, et l’espoir reste de mise, l’élue ne se privant jamais d’avancer les bonnes raisons de venir poser sa sacoche chez elle : « 30 km de Limoges, au bord de l’A20 gratuite, à mi-chemin de Paris et de Toulouse, à moins de deux heures des stations de sports d’hivers d’Auvergne, et à même distance des plages de la Charente-Maritime. Et je ne vous parle pas de la gentillesse de mes administrés. En limousin, quand on accueille un visiteur, on lui dit "Chabatz d’entrar" en patois. Finissez d’entrer, vous êtes ici chez vous. »

 

 

De notre correspondant Jean-Pierre Gourvest

Source : Le Quotidien du médecin: 9653