LA SALLE D’ATTENTE du Dr Éric May ressemble à une piscine. Ovale, aux murs recouverts de carrelage bicolore, elle ne manque pas de cachet pour certains, mériterait un petit lifting pour d’autres.
C’est l’effet centre de santé. Celui de Malakoff (Hauts-de-Seine), ville communiste de 31 000 habitants située aux portes de Paris, date de 1939. 2 000 m2 sur quatre niveaux, rénové en 2006. Pas de blanc version hôpital, mais du gris souris, du beige sobre, pimenté par quelques tableaux aux couleurs vives, peints par les usagers des centres sociaux. Point commun entre tous les praticiens, généralistes, spécialistes et dentistes de ce centre municipal polyvalent ? La fierté de pratiquer une médecine coordonnée, pluridisciplinaire et sociale, ouverte à tous, du lundi au samedi midi.
Ce matin-là, la ronde des femmes de ménage se confond avec celle des patients, déjà nombreux.
Le Dr May, généraliste et directeur du centre, pilote la visite du « Quotidien », ses confrères s’occupent de ses patients. Ici, le médecin est facilement "interchangeable". Le centre compte 90 000 passages par an, dont 15 000 réguliers. 20 % des patients bénéficient de la CMU-C, de l’aide médicale d’état (AME) ou de l’aide à la complémentaire santé (ACS). 50 % sont jugés précaires ou vulnérables. Beaucoup habitent les quartiers populaires de Malakoff, les 14e ou 15e arrondissements de Paris.
4 500 à 4 800 nets par mois.
« À l’étage médecine, tous les patients reçoivent une facture avant d’entrer en consultation avec l’un des six généralistes, détaille le Dr May. 90 % d’entre eux bénéficient du 100 % tiers payant, grâce aux accords passés avec 150 mutuelles. Mais 2 % à 3 % des patients n’ont aucun droit. Nous sommes aussi là pour eux ».
Libéraux et hospitaliers en vacation assurent douze consultations spécialisées. Les généralistes sont rémunérés de 4 500 euros à 4 800 euros nets par mois à temps complet après quinze ans de carrière, les spécialistes entre 40 et 42 euros brut de l’heure. Tout sauf le paiement à l’acte.
Le Dr Michel Limousin, 62 ans, ancien directeur du centre, l’a pratiqué en solo, en libéral. « Après 13 ans, je n’en voulais plus, témoigne-t-il. Je voulais travailler en équipe, pratiquer une médecine sociale et coordonnée, plateau technique à l’appui ».
Le sous-sol du centre de Malakoff est équipé d’un service de radiologie, d’ostéodensitométrie et d’échographie. Un laboratoire d’analyses médicales, des services dentaires, d’infirmerie et d’urgence complètent l’offre de soins de ce petit hôpital. Et partout, le même discours. Les temps sont durs, mais tant qu’on peut aider… Pourtant, tous les ans, le paiement de 5 000 consultations passent à l’as, malgré les efforts des trois employés du « bureau du tiers payant », selon l’expression du Dr May. Et le centre connaît des difficultés, malgré une « gestion rigoureuse » défendue par le Dr Limousin. « L’indemnisation de la gestion du tiers payant, à l’origine du déséquilibre des centres est la solution, revendique-t-il. Pour le reste, on se débrouille ».
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