Commission de coordination gériatrique : comment elles vont travailler

Publié le 18/10/2010
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Cette nouvelle instance qui devrait voir le jour dans chaque Ehpad est présentée comme l’une des mesures phares de la réforme en cours. Finalement présidée par le médecin coordonnateur, cette commission devrait permettre de réunir la communauté médicale, associant les médecins libéraux qui interviennent dans l’établissement ainsi que les soignants. Si le projet de décret prévoit deux réunions annuelles, l’indemnisation des libéraux n’est prévue que pour une seule rencontre. À quoi cette commission va-t-elle servir ? Comment la mettre en place, quels sujets y seront discutés et quelle place pour le directeur de l’établissement ?

CE QU’ILS EN PENSENT

• Dr Oddos, médecin coordonnateur à Soulac sur mer (33) : un lieu pour échanger et débattre

« C’est le premier espace où on va pouvoir débattre avec tous les acteurs du soin d’une même maison de retraite. On réclamait depuis longtemps cette tribune avec les libéraux, les paramédicaux, les soignants. Ceci est indispensable au médecin coordonnateur, car on créé le moment indispensable pour échanger et nous mettre d’accord sur les choses que nous devons faire avancer ensemble. Un projet de soins se construit en pluridisciplinarité et aujourd’hui on nous offre une occasion unique pour réunir tous les acteurs concernés ».

« Pour le moment, ici ou là quelques libéraux participent au projet de soins. Ils n’y sont globalement pas du tous hostiles, mais simplement débordés. Par manque de temps, on règle souvent les problèmes uniquement par téléphone. Ces deux réunions annuelles ne sont qu’un début, mais cela va nous permettre de tracer des axes de travail et cela me paraît incontournable. Aujourd’hui, le médecin coordonnateur doit la présider, mais le directeur doit naturellement s’y impliquer. On ne peut pas bâtir un projet de soins sans moyen. Son implication permettra aussi d’inscrire nos idées dans le projet institutionnel qui est de sa responsabilité. Dans les faits, une présidence conjointe m’apparaît aujourd’hui indispensable.»

Dr Pascal Gendry, président de l’association des généralistes des hôpitaux locaux : l’occasion de poser les problèmes à l’échelle d’un territoire.

« C’est une bonne idée, mais sur le terrain un médecin généraliste intervient en moyenne dans trois ou quatre Ehpad et je crains qu’on ne puisse concrètement participer aux réunions qui seront proposées dans chaque établissement. Je pense aussi qu’il n’est pas intéressant de développer des pratiques différentes d’un Ehpad à l’autre. C’est au contraire me semble-t-il l’occasion de poser les problèmes à l’échelle d’un territoire. Cette approche plus large nous permettrait peut-être de renforcer la cohérence sur une filière gériatrique, de bien sentir la complémentarité des différents établissements. Certains se sont plus axés sur la prise en charge des patients Alzheimer et développe des accueils de jour où des unités spécialisées, d’autres multiplient leurs efforts pour accueillir des patients un peu plus lourds. On pourrait ensemble fluidifier une filière pour renforcer des unités de soins de longue durée »

Le passage au tarif global dans ces unités et une contractualisation forcée avec l’établissement peut nous poser problème. Sur un même territoire, nous ne serons peut-être pas tous amenés à signer ces contrats, certains refuseront de les signer, d’autres seront d’accord. À terme cela pose aussi le problème du maintien du caractère libéral de l’exercice des médecins généralistes dans ces établissements. Le problème de la rémunération va très vite se poser. Si nous ne sommes plus dans du paiement à l’acte dans les Ehpad, mais pas non plus complètement dans du salariat, cela pose tout de même des problèmes de fiscalité que certains directeurs d’établissement commencent à découvrir. On ne peut pas toucher des honoraires qui n’en sont pas et nous restons inquiets sur ce point.»

Murielle Jamot, adjointe au délégué général de la FHF, ancienne directrice d’Ehpad : Le rendez-vous à ne pas manquer avec les prescripteurs

« La présidence de ces commissions est confiée au médecin coordonnateur, et j’estime que c’est une très bonne chose, car l’animation de cette réunion repose sur lui . Il a la reconnaissance de ses pairs et sans autorité hiérarchique, je ne vois pas bien comment il peut en plus remplir ses missions. Le directeur devrait naturellement y participer, car la bonne entente entre le directeur et médecin coordonnateur est un élément essentiel pour que cela fonctionne. Cette commission est une bonne occasion de l’afficher. Le directeur peut aussi s’en servir pour informer les libéraux et les impliquer dans la politique institutionnelle de soins de l’établissement, car ceux-ci fonctionnent encore beaucoup trop souvent comme des électrons libres. C’est l’occasion de les sensibiliser sur la iatrogène médicamenteuse, ce qu’il convient de mettre en place sur l’accompagnement de la fin de vie, la douleur ou bien encore échanger sur les bonnes pratiques à l’échelle de l’établissement. C’est un échange direct vraiment très important avec les prescripteurs. Un rendez-vous à ne pas manquer pour les directeurs. »


Source : Le Quotidien du Médecin: 8838