Les patients sont favorables à la technologie et à l’informatique médicale dans la consultation tant que cela ne perturbe pas la qualité de leur relation personnelle au médecin : tel est l’enseignement principal d’une vaste étude réalisée par Nuance Communication, menée auprès de 3 000 personnes aux États-Unis au Royaume-Uni et en Allemagne.
Des patients à l’aise avec la technologie
Globalement, « 97 % des patients accueillent favorablement la technologie appliquée à la santé tant que ce n’est pas au détriment de l’engagement et du temps du médecin », selon cette enquête. Dans tous les cas, il est primordial que le médecin établisse un contact direct avec le patient par le regard, une poignée de main et la parole, peut-on lire.
Autre exigence récurrente : le respect de la confidentialité et de l’intégrité dans la salle d’examen. Malgré tout, 58 % des patients pensent que la technologie a une « influence positive », notamment quand les médecins l’utilisent pour mieux préciser ou expliquer une situation clinique.
De l’avis des praticiens en revanche, la technologie (mais surtout l’administratif qui l’accompagne) peut être un facteur perturbateur et chronophage. D’après une étude réalisée en 2013 par RAND Corporation, 43 % des médecins jugent que le dossier patient informatisé (DPI) les ralentit et 36 % qu’il interfère avec les soins et consultations.
Course contre la montre
Dans un tiers des cas étudiés, souligne l’étude, les consultations ne dépassent pas dix minutes, une situation qui peut être mal vécue. « Régulièrement, j’entends des patients se plaindre que les médecins ne leur consacrent plus suffisamment de temps et qu’ils ne les regardent plus, explique le Dr Mark Michelman, vice-président aux affaires médicales chez BayCare Health System, à Clearwater (USA). Le dossier médical électronique et les contraintes documentaires imposées par la réglementation obligent les médecins à passer plus de temps sur l’ordinateur au détriment du temps alloué aux patients lors de la consultation. Cette situation est mal vécue par les patients qui voudraient que le médecin passe plus de temps avec eux et qu’il les regarde eux et non l’ordinateur ».
Pour apprécier la qualité d’une consultation, 73 % des patients américains et britanniques réclament en priorité « du temps pour discuter » avec leur médecin, mais aussi la verbalisation de recommandations spécifiques (66 %) et un contact visuel (58 %).
Implication
Autre résultat en lien avec les technologies : les patients arrivent de plus en plus « préparés » aux consultations (y compris pour optimiser un temps limité).
68 % d’entre eux établissent une liste de questions (à chaque consultation) et 39 % ont consulté au préalable des sites médicaux (équivalent étranger de doctissimo.fr ou autre source en ligne) avant leur RDV.
Autant de signes d’un engagement proactif, selon l’étude. « L’engagement du patient n’est pas qu’une expression à la mode : c’est une des clés vers une meilleure santé publique, qui aiderait à combler certaines des failles du système de santé, explique le Dr Nick van Terheyden, du département d’informations médicales Nuance. La relation entre le médecin et ses patients est essentielle si l’on veut obtenir des patients un niveau d’engagement qui ait réellement un sens ». Dans les trois pays étudiés, 20 % des patients apportent des données de santé personnelles obtenues via des dispositifs de suivi extérieurs.
Cette étude sur les attentes des patients semble montrer la nécessité de ne pas abandonner de temps médical en consultation (et même d’en regagner si possible). De quoi faire écho au débat français sur les tâches administratives du médecin libéral et la future gestion du tiers payant généralisé !
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