C’est un poison quotidien pour de nombreux médecins. La multiplication des demandes de certificats plus ou moins utiles les détourne de leur mission principale : le soin. Début janvier, un collectif de 200 professionnels dénonçait cette inflation de paperasserie dans une tribune publiée dans « L’Express », en demandant de supprimer purement et simplement sept « actes inutiles, stupides ou insultants ». Cette fois-ci, c’est le Collège de médecine générale (CMG) qui monte au créneau pour s’attaquer au phénomène.
À l’occasion de son congrès annuel, qui se termine ce samedi 25 mars, le Collège lance certificats-absurdes.fr, un site Web (joliment illustré par le dessinateur Sanaga) pour sensibiliser les professionnels et le grand public au problème. Objectifs : recenser les certificats jugés peu pertinents et faire des propositions pour « tenter de les redéfinir ou de les abolir, afin de redonner du temps médical aux médecins ». Sont visés, certains certificats d’absence scolaire, les prescriptions médicales de transport, les certificats pour absence en raison d'un enfant malade, les arrêts maladie de courte durée…
« Ce sont des documents qui nous font perdre beaucoup de temps et sur lesquels nous n’apportons aucune plus-value médicale », justifie le Dr Michaël Rochoy, à la manœuvre pour monter le site Web. Très investi sur ces questions, le généraliste d’Outreau (Pas-de-Calais) a été à l’initiative de plusieurs tribunes sur le sujet (sur « Le Figaro » et dans « L’Express »).
Le crocodile, symbole de la campagne
Sur le site, les praticiens peuvent aussi passer commande du tampon « Certificats absurdes », illustré d’un crocodile (symbole de la campagne) qu’ils pourront apposer sur les documents qu’ils estiment inutiles. Une manière de faire le buzz, mais pas seulement. « Qu’on donne le coup de tampon ou pas, c’est l’occasion d’aborder le sujet avec les patients, les inviter à se poser des questions sur la pertinence de ces certificats, qu’ils en parlent aussi avec ceux qui le leur ont demandé », commente le Dr Rochoy.
L’idée reprend celles des médecins belges lancée en 2022, qui se sont eux-mêmes inspirés d’une campagne de communication hollandaise contre la paperasserie inutile en 2005 et dont le symbole était un crocodile violet.
Le CMG espère ainsi faire bouger les pouvoirs publics sur ce sujet. Le plan anti-paperasse, présenté début février par le ministre de la Santé, n’a pas convaincu le Dr Rochoy qui n’y voit rien de nouveau. « On nous dit que les règles en matière de certificats médicaux seront clarifiées. Mais ça a déjà été fait en 2011, sans résultat », s’agace le généraliste.
Selon lui, deux mesures sont prioritaires pour libérer du temps médical : supprimer les arrêts maladie de courte durée (inférieur au délai de carence de trois jours) et les certificats d’absence pour enfant malade. « Pour un mal de dos ou une gastro, le patient peut faire une autodéclaration sans avoir besoin d’un avis médical, estime le Dr Rochoy. Et si l’Assurance-maladie veut faire des contrôles, qu’elle confie cette tâche administrative à d’autres personnes que les médecins ! »
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