Le 21 avril 2002, Jean-Marie Le Pen se qualifiait au second tour de l'élection présidentielle (avec 16,8 % des voix). Quinze ans plus tard, Marine Le Pen a récolté 21,3 % des suffrages, rejoignant Emmanuel Macron pour la dernière manche, dimanche prochain. Retrouve-t-on une filiation directe dans les programmes santé du père et de la fille ? Le « Quotidien » a relevé de nombreuses similitudes de fond mais aussi des écarts.
Le contexte, tout d'abord, a changé. Les problématiques de santé et de protection sociale n'ont jamais été autant abordées que pendant ce cru présidentiel 2017. Marine Le Pen a consacré un livret entier à ses questions. À l’inverse, en 2002, Jean-Marie Le Pen se contentait d'un court chapitre (sur 16) de son programme, préférant aborder longuement les enjeux de « préférence nationale », que Marine Le Pen a rebaptisée depuis « priorité nationale ».
En 2002, son père voulait même « constitutionnaliser » la préférence nationale pour l'établir « dans tous les domaines », « à l’hôpital, comme partout ailleurs en France ». Avant le débat de mercredi, Marine Le Pen utilisait en revanche cette doctrine avec prudence, ciblée sur l'emploi (création d'une taxe additionnelle sur l’embauche de salariés étrangers, suppression de la directive « détachement des travailleurs »).
En 2017, Marine Le Pen veut supprimer l'actuelle aide médicale d'État (AME) quand son père, quinze ans plus tôt, parlait de rétablissement du « contrôle sanitaire frontalier ».
Petit et gros risque
La question du numerus clausus rapproche les deux Le Pen. Marine Le Pen veut le « relever » « pour éviter le recours massif aux médecins étrangers et permettre le remplacement des nombreux départs à la retraite prévus » . Jean-Marie Le Pen souhaitait carrément supprimer ce verrou : « la pléthore médicale est un mythe complaisamment répandu par les gouvernements et les media », argumentait-il à l'époque.
Bien avant la polémique sur la Sécurité sociale initiée par François Fillon, Jean-Marie Le Pen souhaitait déjà différencier le remboursement entre le « gros risque » et le « petit risque ». « Un organisme, sous tutelle de l’État, sera chargé de prendre en charge le “gros risque”, déjà parfaitement cerné pour les affections dites “sur liste” et les affections de longue durée hors liste », écrivait-il. Ce financement du risque lourd aurait été assuré par un prélèvement à la source « très diminué » et une TVA sociale. Cette distinction n'apparaît pas dans le programme de Marine Le Pen, qui souhaite « garantir la Sécurité sociale pour tous les Français ainsi que le remboursement de l’ensemble des risques pris en charge par l’assurance maladie ».
Les petits hôpitaux en étendard
Quand le père insistait en 2002 sur la « réaffirmation » des hôpitaux de proximité « au service du bien commun national », qu'ils soient publics ou privés, la fille va jusqu'à vouloir « augmenter les effectifs » de la fonction publique hospitalière, secteur où le FN a enregistré une progression.
Pas de surprise sur la médecine de ville : père et fille veulent préserver la liberté d'installation du médecin libéral et le libre choix du professionnel par le patient. Petite originalité dans le programme de Jean-Marie Le Pen : le « contrôle éthique accru des Ordres professionnels », ces derniers étant au préalable « débarrassés de leurs coteries d’influence »...
Si Le Pen père avait pris les rênes de l'Élysée, les tarifs des dentistes auraient été revalorisés mais pas ceux des médecins. Marine Le Pen promet de « réactualiser » les honoraires médicaux de manière progressive.
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