• Une pharmacie déconventionnée pour l’exemple ?
L’histoire a fait grand bruit, produisant un effet de dissuasion. Jugeant qu’elle ne respectait pas l’accord sur les génériques, l’assurance-maladie a sanctionné une pharmacie d’Airvault, à 60 km de Niort, lui interdisant l’accès au dispositif du tiers payant pour ses clients pendant un mois. « Cela fait des années que la caisse me cherche des poux dans la tête », assure au « Quotidien » Jacqueline Girardeaux, cogérante de la pharmacie. Si elle admet n’avoir guère dépassé un taux de substitution de 30 % à la date d’application de la sanction, la pharmacienne avance ses raisons. Les médecins locaux apposent très souvent la mention « NS » sur les ordonnances et elle-même avoue une politique très personnelle du générique.
L’affaire ne lui aurait causé aucun tort. « Tous mes clients me soutiennent et j’ai même vu débarquer dans mon officine des gens que je n’avais jamais vus avant », assure-t-elle.
• Des médecins qui doivent s’expliquer
Le Dr X (il souhaite garder l’anonymat) est addictologue en Alsace. « Je suis gros prescripteur de Subutex », indique-t-il. Lorsque le générique de ce substitut aux opiacés est sorti, il a tenté de le prescrire, mais il assure que ses patients revenaient presque tous le voir pour se plaindre, ou dépassaient les doses initialement prescrites. Le Dr X a donc pris l’habitude de faire figurer la mention NS sur ses ordonnances de Subutex. Début juillet, il reçoit un courrier de sa caisse l’invitant à un entretien confraternel sur ce sujet. Il est reçu par le médecin-conseil. « L’entretien s’est plutôt bien passé, reconnaît le Dr X. Le médecin-conseil m’a dit qu’il comprenait mon point de vue, mais il m’a quand même demandé de faire un effort ». Le praticien assure que plusieurs médecins de sa région, ainsi que de nombreux pharmaciens, ont été invités à s’expliquer devant leur CPAM.
• Des patients pénalisés par des caisses qui en font trop
Selon le CISS (collectif interassociatif sur la Santé), très en pointe sur ce dossier, plusieurs caisses primaires ont adressé aux officines des courriers stipulant que les médicaments prescrits avec la mention NS étaient écartés du dispositif du tiers payant (contrairement aux textes en vigueur). Dans l’Hérault, la CPAM a d’abord affirmé que « l’utilisation par le médecin de la mention NS ne permettra plus à l’assuré social de bénéficier du tiers payant ». Devant le tollé, elle a fait marche arrière. Mais entre-temps, des patients auront dû faire l’avance des frais. Dans les Hauts-de-Seine, même scénario avec une caisse tatillonne. Selon le CISS, de tels dérapages ne sont pas isolés. « Les témoignages nous parviennent de plus en plus précis et nombreux de patients à qui sont prescrits des médicaments « non substituables », notamment du fait de leur marge thérapeutique étroite (traitements antiépileptiques, traitements anti-rejets pour des transplantés…), et se voient malgré tout contraints d’avancer des sommes importantes pour les obtenir ».
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