La contestation monte en médecine générale

Des syndicats appellent à la fermeture des cabinets le 11 mars

Publié le 28/02/2010
Article réservé aux abonnés

MICHEL LEGMANN doit rendre fin mars les conclusions de sa mission qui vise à refonder la médecine libérale. Bertrand Fragonard prépare un règlement arbitral pour le 15 avril afin de combler le vide conventionnel. Pendant ce temps, la colère monte chez les médecins généralistes.

MG-France, Union Généraliste, l’Union Collégiale et le Syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG), à l’origine d’un mouvement baptisé « la France sans médecins généralistes », ont annoncé des actions de contestation dans les prochaines semaines. Ils entendent alerter les pouvoirs publics sur la baisse du nombre de praticiens et la désaffection des jeunes générations pour l’exercice libéral. Ils veulent surtout exprimer le ras-le-bol de leur profession. « Rien n’est prévu pour la médecine générale dans le système de santé, c’est pourquoi nous allons droit dans le mur », commente le Dr Claude Leicher, président de MG-France.

Les quatre syndicats ont récemment invité leurs confrères omnipraticiens à demander la qualification de spécialiste de médecine générale et à appliquer la cotation CS. Des actions de contestation tarifaire des généralistes sont recensées dans 37 départements à ce jour. Mais la contestation semble monter d’un cran. Ces organisations appellent maintenant les médecins de famille à fermer leur cabinet le 11 mars. Ce mot d’ordre national intervient après que plusieurs syndicats de médecins de Bretagne ont lancé une consigne de grève à cette date. Parallèlement, le SMEL-CSMF d’Eure-et-Loir organise une journée « Santé morte » qui sera ponctuée par une manifestation le même jour… et la fermeture des cabinets. La journée du 11 mars pourrait devenir un test national pour les syndicats même si la CSMF et le SML ont de leur côté décidé de ne pas s’y associer (voir encadré).

Sans attendre cette journée d’action, MG-France, Union Généraliste, Union Collégiale et le SNJMG encouragent leurs confrères à ne plus répondre au téléphone et à brancher leurs répondeurs après 19 heures à partir d’aujourd’hui 1er mars.

Pas de télétransmission le 8 mars.

Farouchement opposés à la taxation des feuilles de soins papier qui doit entrer en application dans les prochaines semaines, ces quatre syndicats appellent également leurs confrères à ne pas envoyer de feuilles de soins électroniques à leur caisse le 8 mars. Cette journée nationale de non-télétransmission pourrait être suivie d’autres. Dans cette optique, les quatre syndicats invitent d’ores et déjà les généralistes à constituer des… stocks de feuilles de soins papier. « L’assurance-maladie économise 1,74 euro par feuille de soins électronique (FSE) et elle ne veut reverser que 4 ou 5 centimes par FSE aux médecins, s’offusque le Dr Claude Leicher. C’est inacceptable. » Devant « l’externalisation du travail des caisses chez les médecins », le Dr Claude Bronner, coprésident d’Union Généraliste, attend quant à lui une « évaluation économique » de la télétransmission. « Le modèle économique de la télétransmission n’existe pas, poursuit-il. Aujourd’hui, on demande aux médecins de télétransmettre à leurs frais. Et quand un tarif de la nomenclature change, il faut télécharger une nouvelle version du logiciel à nos frais ! ». Le Dr Alexandre Husson, président du SNJMG, pointe les limites du système actuel pour les jeunes médecins : « Les remplaçants n’ont pas de carte professionnelle de santé, ils doivent donc envoyer des feuilles de soins papier, ce n’est pas logique ! »

Après les mesures jugées « vexatoires » de la loi HPST, « les congés pointés, les vacations à faire dans des territoires désertées… », les quatre syndicats attendent un geste fort des pouvoirs publics pour revaloriser la médecine générale, souligne le Dr Meyer Sabbah, président de l’Union Collégiale. Un investissement important est nécessaire pour revaloriser la rémunération d’un généraliste français –  « 26 euros net par heure », calcule le Dr Leicher. « Trois milliards d’euros doivent être mis immédiatement sur la table », affirme le Dr Jean-Paul Hamon, coprésident d’Union Généraliste. Le ton monte chez les syndicats. Les médecins suivront-ils ? Sur le terrain, certains praticiens hésiteront peut-être à se lancer dans un conflit tarifaire radical dans un contexte social difficile.

 CHRISTOPHE GATTUSO

Source : Le Quotidien du Médecin: 8718