C'est une nouvelle illustration de la dégradation préoccupante de la démographie médicale dans les zones rurales ou semi-rurales. Selon une enquête flash de l'Insee, trouver un médecin traitant est désormais plus difficile en Pays de la Loire que dans le reste de la France, avec des zones particulièrement impactées en Mayenne et Sarthe. De fait, avec « 3,7 consultations en moyenne par habitant en 2021 »* les Ligériens ont un moindre accès aux médecins généralistes (libéraux ou salariés d’un centre de santé) que les habitants du reste de la France (3,9 consultations par an en moyenne).
La part de population régionale résidant dans une commune sous-dotée en médecins généralistes a bondi de 6 points entre 2015 et 2019 pour s’établir à 13 %, puis se stabiliser en 2021. La lutte contre la désertification médicale figure à cet égard au rang des priorités du nouveau directeur général de l'ARS Pays de la Loire.
Au sein même de cette région, la dégradation de l’accès aux soins s’accompagne d’un creusement des inégalités entre territoires. Si, en 2015, les Ligériens des 10 % des communes les mieux dotées avaient accès à 1,9 fois plus de consultations que ceux des 10 % les moins bien dotées, en 2021, ils ont accès à 2,2 fois plus de consultations. Les inégalités s'amplifient ainsi au détriment des communes les moins bien dotées.
Mayenne, Sarthe : deux fois pire
Certains territoires très ruraux subissent une situation particulièrement fragilisée : en Mayenne, « 30 % de la population vit dans une commune sous-dotée » en généralistes, un chiffre qui s’élève aussi à 28 % dans la Sarthe. C'est deux fois plus que la moyenne française – 14 % des Français vivant en zone sous-dotée sur l’ensemble du territoire. Cette dégradation s’est accélérée ces dernières années : la part de la population sous-dotée en généralistes a augmenté de 15 points en Mayenne, de 14 points en Sarthe et de 9 points en Vendée. Le conseil départemental de la Mayenne a d'ailleurs été à l'initiative de récents états généraux de la santé pour innover face à la pénurie.
L’âge des médecins généralistes est un autre indicateur préoccupant dans la région. Les besoins en généralistes de moins de 65 ans – nécessaires pour maintenir une offre de soins suffisante à long terme sur le territoire – se font davantage ressentir qu’avant. En 2021, respectivement 44 % et 41 % des Sarthois et Mayennais résident dans une commune sous-dotée en généralistes de moins de 65 ans, contre seulement 21 % dans le reste de la France. Le vieillissement des médecins de famille est toutefois moins critique en Loire-Atlantique, où 9 % de la population réside dans une commune sous-dotée en généralistes de moins de 65 ans en 2021.
Des grandes villes mieux loties : Angers, Nantes mais pas Le Mans
Des exceptions notables figurent dans ce tableau régional. « Parmi les communes de 100 000 habitants ou plus de France, Angers fait partie des trois communes les mieux dotées en médecins généralistes avec Strasbourg et Bordeaux », éclaire l'Insee, avec plus de six consultations par habitant en moyenne. De surcroît, Angers est l'une des grandes communes les mieux dotées en généralistes de moins de 65 ans. « La présence du centre hospitalier universitaire peut créer des synergies avec la médecine de ville et ainsi soutenir l’offre de soins », note l'étude.
Nantes, correctement dotée, n’arrive toutefois qu’au-delà de la 20e place parmi les villes de plus de 100 000 habitants avec 4,9 consultations en moyenne par habitant. Les communes périphériques de Nantes et les communes littorales vers l’estuaire de la Loire sont mieux dotées que les territoires ruraux. En revanche, Le Mans est moins bien loti, avec une accessibilité aux généralistes qui a chuté de 22 % entre 2015 et 2019.
* L’indicateur utilisé dans cette étude est l’accessibilité potentielle localisée (APL). Il tient compte de l’offre de soins et de la demande adressée aux médecins généralistes dans une commune et les communes environnantes, de leur niveau d’activité en exercice, ainsi que de la structure par âge de la population de chaque commune.
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