LE QUOTIDIEN : Comment qualifieriez-vous la démographie des généralistes ?
Dr JEAN-FRANÇOIS RAULT : C'est un gros problème ! Entre 2007 et 2025, la France aura perdu un quart de ses généralistes libéraux. À partir de cette date seulement, on peut espérer un retournement de tendance. Il y a quelques lueurs d'espoir cependant. Les départements du grand ouest, notamment, attirent par leur qualité de vie. Malgré tout, plus de 80 % des départements – dont ceux du centre de la France et du nord-est – affichent une baisse des effectifs de généralistes.
L'Ordre a-t-il une recette ?
Il faut en priorité travailler sur la formation initiale des omnipraticiens pour qu'ils soient confrontés très tôt à la médecine générale. Je suis moi-même maître de stage ; quand les étudiants arrivent à mon cabinet, je vois bien que pour eux, c'est une découverte. Il faut des discussions avec les doyens pour dispenser une plus grande connaissance de la médecine générale libérale au début du cursus.
Mais il faut aussi travailler sur les situations locales. En zone rurale, les généralistes gagnent correctement leur vie, ils n'ont pas envie de travailler très tard, ni de multiplier les gardes. Les médecins d'aujourd'hui ont envie d'aller chercher leurs enfants à l'école, de finir à 18 H 30. Ils sont de la génération des 35 heures.
Les autres spécialités sont-elles moins sinistrées ?
Elles sont en augmentation globale, surtout les spécialités médicales. Mais certaines disciplines sont en berne. La plus sinistrée, c'est la psychiatrie pour enfants et adolescents, avec 48,2 % d'effectifs en moins depuis 2007. Pour la médecine du travail, c'est moins 15 %. Même chose pour la dermatologie et la rhumatologie. Côté spécialités chirurgicales, celles qui souffrent le plus sont la chirurgie générale, l'ORL et l'ophtalmologie.
Le problème, c'est que le nombre de spécialistes croît modérément mais surtout à l'hôpital et en salariat. Il faut "évangéliser" les futurs spécialistes pour leur montrer que le salariat n'a pas tous les avantages, et qu'on peut aussi trouver son équilibre en ville. Pour eux aussi, il faut développer les stages en ville. Aujourd'hui, il y a à peu près autant de médecins libéraux en France que de salariés ou d'hospitaliers. Et si on ne fait rien, la courbe va encore descendre.
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