En finale, la profession fait gagner Macron

Par
Publié le 30/03/2017
Article réservé aux abonnés

Le second tour de la présidentielle confirme la percée du phénomène Macron chez les médecins libéraux.

Dans la configuration d'un duel Macron/Fillon (le match souhaité par les médecins…), le leader d'En Marche l'emporterait avec 52 % des voix ! C'est certes moins bien que dans la population générale (où Macron se détache très nettement avec 65 % des suffrages contre le candidat LR) mais ce score traduit néanmoins un choix médical historique : pour la première fois, le candidat de la droite républicaine serait dominé chez les praticiens libéraux par un adversaire issu du centre gauche au deuxième tour. Une petite révolution… « Il y a une dynamique dingue dans cette campagne, Emmanuel Macron a une cote d'enfer auprès des médecins », s'enthousiasmait il y a quelques jours le neurologue Olivier Véran, ex-rapporteur PS de la loi Touraine, devenu « monsieur santé » de Macron.

Noyau dur fragilisé      

Pour François Fillon, ce résultat résonne comme une menace car il l'empêche de capitaliser dans un électorat réputé à droite. Selon l'IFOP en effet, si François Fillon ne parvient pas à réaliser un score « exceptionnellement élevé » chez les professions libérales (médecins mais aussi avocats, pharmaciens…), il ne pourra mordre nulle part. Seul motif de consolation pour le candidat LR : l'existence d'un clivage dans le corps médical. Emmanuel Macron « marche » mieux chez les généralistes, ceux qui ont un exercice mixte (libéral et salarié), parmi les médecins de moins de 40 ans et les ruraux alors que François Fillon reste le candidat préféré des libéraux exclusifs, des spécialistes et des praticiens de la région parisienne.

Contre Marine Le Pen cette fois, hypothèse probable au regard des sondages actuels, le vote médical Macron tourne au plébiscite avec 89 % des suffrages au deuxième tour, confirmant au passage la faible réserve de voix de la candidate du FN (11 %) dans les rangs des médecins libéraux. Marine Le Pen résiste mieux chez les médecins de plus de 50 ans (20 %) et en Ile-de-France.      

Moins de paperasse, plus de liberté

Les lignes peuvent-elles encore bouger chez les médecins ? Les deux favoris de la profession – pour ne citer qu'eux – ont de solides arguments à faire valoir pour intéresser les indécis.

François Fillon a promis de « débureaucratiser » le système de santé à tous les étages, d'abroger le tiers payant, de jouer la carte du médecin traitant, d'ouvrir les GHT aux libéraux ou encore de mieux réguler les complémentaires santé. Pas en reste, Emmanuel Macron annonce de son côté une révolution de la prévention, un tiers payant « généralisable », c'est-à-dire au choix des professionnels, 3 000 maisons de santé pluridisciplinaires à l'horizon du quinquennat, une liberté accrue des acteurs libéraux pour s'organiser dans les territoires et des investissements massifs sur l'innovation médicale. Qui dit mieux ?

Étude réalisée par l'Ifop pour « le Quotidien » : l'enquête a été menée auprès d'un échantillon de 370 médecins inscrits sur les listes électorales, extrait d'un échantillon de 400 médecins libéraux, représentatif de la population des médecins libéraux exerçant en France métropolitaine (méthode des quotas après stratification par région et catégorie d'agglomération.

Les entretiens ont été réalisés par téléphone du 20 au 24 mars.

 

 

Cyrille Dupuis

Source : Le Quotidien du médecin: 9568