Les 6 000 doses ont trouvé preneur en quelques jours à peine. En Moselle, médecins et pharmaciens ont reçu 600 flacons du vaccin Moderna dans le cadre de son expérimentation en ville, lancée vendredi dernier. « En 48 heures, toutes les commandes ont été faites : 450 flacons pour les médecins, 150 pour les pharmaciens », se réjouit le Dr Guilaine Kieffer-Desgrippes, présidente de l’URPS Médecins Libéraux Grand Est.
Sous l’égide de l’ARS Grand Est, des URPS médecins libéraux et pharmaciens et de la CPAM de Moselle, l’expérimentation devrait durer 15 jours. Objectif : produire une preuve de concept pour « espérer un déploiement à large échelle de la vaccination par ARNm en ville », estime Guilaine Kieffer-Desgrippes.
Pour y participer, médecins et pharmaciens se sont inscrits sur la plateforme Distrivac, qui se chargeait des commandes de vaccins auprès de Santé publique France. Après livraison des doses congelées chez le grossiste-répartiteur, le vaccin Moderna était décongelé puis acheminé immédiatement en officine. « Chaque généraliste avait son officine de référence pour récupérer ses flacons », ajoute le Dr Guilaine Kieffer-Desgrippes.
La conservation à l'épreuve
Trois jours après les premières prises de commande, les pharmaciens avaient déjà commencé à vacciner, confirme l’URPS Pharmaciens au « Quotidien ». La cible : les patients âgés de plus de 60 ans. Côté médecin, le Dr Alain Prochasson, généraliste à Metz et volontaire à l’expérimentation, indique être « en train de dresser la liste » de ses 10 à 12 patients éligibles.
Car l’un des critères à évaluer, c'est la gestion des conditions de conservation du Moderna en cabinet ; ce vaccin ARNm se conserve 30 jours dans un réfrigérateur classique, mais 6 heures seulement après le premier prélèvement. « Je dois organiser mon planning en fonction », précise le Dr Prochasson, qui juge l’initiative « excellente, il faut absolument que l’on réussisse ».
« Nous avons montré qu’en ville, nous sommes capables de vacciner très vite, que nous sommes habitués à conserver les vaccins dans nos cabinets. Les frigos des vaccibus ne sont pas différents des nôtres ! », ironise Guilaine Kieffer-Desgrippes. Une preuve de terrain d’autant plus importante pour espérer le déploiement de Moderna en ville sur tout le territoire, « mais c'est aussi de bon augure pour Pfizer, qui lui ne se conserve que 5 jours », rappelle la présidente de l’URPS.
Généralisation du dispositif
Les premiers échos sont également positifs du côté du ministère de la Santé qui a évoqué une expérimentation « satisfaisante », et attend les retours d’expérience « pour en tirer les apprentissages nécessaires à la généralisation du dispositif ». Il confirme par ailleurs que « Moderna a vocation à passer massivement en ville ».
En Allemagne par exemple, les vaccinations ARNm ont d’ores et déjà débuté en ville. « C’est un enjeu crucial quand on sait que d'un côté les doses d’AstraZeneca ont du mal à s’écouler et de l'autre les plus de 75 ans font confiance à leur médecin et leur pharmacien. Ils veulent de la proximité », insiste le Dr Guilaine Kieffer-Desgrippes.
Une expérience en interpro
L’expérimentation est née en Moselle, particulièrement touchée par le variant Sud-Africain. Mais aussi parce qu’elle découle d’une initiative locale des deux URPS : « nous l’avions proposé dès novembre à la DGOS, qui à l’époque ne nous avait pas vraiment écoutés », enchaîne Guilaine Kieffer-Desgrippes, mobilisée dès le premier confinement avec les pharmaciens pour organiser la distribution de masques, via la plateforme Distrimasque. « La logistique des pharmaciens et des grossistes-répartiteurs a été plus efficace que celle de Santé publique France », juge-t-elle.
De ces deux expériences, la généraliste retient également la création de liens forts entre médecins et pharmaciens. « Le Covid a vraiment réussi à nous rapprocher. »
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