DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL
« UNE LOI, une convention : dernières chances pour la médecine libérale… » : le titre alarmiste des sixièmes « Tribunes » de la FMF, qui se sont réunies à Juan-Les-Pins, en présence d’une soixantaine de praticiens libéraux, illustre le sentiment de malaise qui domine au sein de la centrale du Dr Jean-Claude Régi. Décrochage de la valeur des actes, démographie déclinante, risque judiciaire pour certaines spécialités ... : les raisons de s’inquiéter ne manquent pas. L’avenir, surtout, se dessine en pointillé. Les piliers de l’exercice libéral seront-ils sauvegardés ? La médecine de ville trouvera-t-elle sa place sous la férule des agences régionales de santé ? Y aura-t-il tout simplement une relève médicale en ville alors que la jeune génération semble fuir cet exercice (moins d’une installation sur dix en libéral !) pour préférer le remplacement ou le salariat ? Le système conventionnel peut-il être refondé sur des bases que la FMF voudrait « démocratiques » ? Les enjeux sont lourds et, pour cette centrale, les réponses des « tutelles » (ministère, CNAM) pas à la hauteur.
HPST : le meilleur ou le pire.
Mais pas question pour la FMF de subir les événements. Deux chantiers sont prioritaires.
Il y a d’abord l’application de la loi HPST (151 décrets attendus). « La FMF veut peser et construire, vous pouvez compter sur elle », a lancé le président Régi à Roselyne Bachelot, invitée de ces Tribunes. Une façon de confirmer le soutien (mesuré) de la FMF à la loi HPST même si cela ne se fait pas sans heurts (le décret sur l’obligation de déclarer ses absences est vécu par les médecins comme une provocation).
Bien implantée dans de nombreuses unions régionales depuis son score aux élections de 2006 (36 % chez les spécialistes, 16 % chez les généralistes) et le jeu d’alliances qui a suivi, revigorée aussi par l’arrivée en son sein d’Espace Généraliste, la FMF se positionne en tant que « force de proposition ». Le syndicat veut croire que la loi HPST confortera les initiatives du terrain (pôles de santé, modes inédits d’organisation de la PDS…) même si certains praticiens redoutent le risque d’étatisation. « Avec cette loi, on peut avoir le meilleur et le pire », résume un cadre. « Ma réforme est une chance pour la médecine libérale », s’est défendue Roselyne Bachelot.
Point de rupture.
Il y a ensuite (surtout ?) l’édifice conventionnel à reconstruire. La FMF juge que la représentation syndicale actuelle, issue de 2002, est « anti-démocratique ». Le syndicat, historiquement conventionniste, réclame la tenue des nouvelles élections au plus vite, préalable à la conclusion de la nouvelle convention pour 5 ans.
Sur ce point, le directeur de l’assurance-maladie, venu à la rencontre des médecins FMF, s’est efforcé de rassurer son auditoire. Il y aura une négociation en deux temps. La première étape, d’ici à janvier 2010, permettra d’aller « le plus loin possible » sur les sujets « consensuels » (promotion des modes d’exercice coopératifs, aides les médecins à moderniser leur parc informatique…). Il faut aussi s’atteler au « rééquilibrage » des honoraires entre spécialités au profit des disciplines cliniques et des actes techniques non répétitifs. Quant aux dossiers qui fâchent, ils seront renvoyés… après les élections qui devraient avoir lieu avant la fin du premier semestre 2010.
Rien ne sera facile car les foyers de crise sont nombreux . À écouter les praticiens, le climat contractuel est orageux. Le Dr Jean-Paul Hamon, chef de file de la branche généraliste, condamne « la gestion par le stress » de la CNAM. « On n’est pas loin du point de rupture ! », renchérit Claude Bronner . Le Dr Jacques Marlein fustige le « régime d’exception » permettant aux directeurs de caisse primaire de sanctionner lourdement les médecins. Beaucoup insistent sur la déconnexion entre les tarifs opposables et la valeur réelle des actes. « Il faudrait investir 10 milliards d’euros sur la médecine libérale », entend-on en guise de revendication. Presque un tiers du grand emprunt…
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