C'est dans le cadre d'un débat d'une brutalité inédite qu'Emmanuel Macron (En marche !) et Marine Le Pen (FN), finalistes de l'élection présidentielle, ont abordé de façon décousue, et parfois inaudible, les questions de santé et protection sociale, mercredi soir. Les deux candidats n'ont consacré en réalité que quelques minutes à ce chapitre lors d'une discussion de 2h30, essentiellement tournée sur la sécurité, l'économie, l'immigration, l'Europe et, dans une moindre mesure, l'éducation.
Une violente passe d'armes sur la question de la gestation pour autrui (GPA) a lancé la discussion sur la santé publique. Dans la surenchère, Marine le Pen a accusé Emmanuel Macron de vouloir créer des « filières de GPA à l'étranger », et même de soutenir une politique dans laquelle « les ventres sont à vendre ou à acheter ». « Je suis totalement contre la GPA » a immédiatement rétorqué le candidat d'En marche ! dénonçant en écho la position du Front national sur la suppression de l'aide médicale d'État (AME). « Avec vous, ou pourra mourir dans la rue car il n'y aura plus d'AME », a-t-il jeté.
Complémentaires : les trois contrats de Macron
S'appuyant sur ses fiches, Marine Le Pen a ensuite attaqué Emmanuel Macron sur sa position jugée « extrêmement floue » sur le remboursement à 100 % des soins optiques, dentaires et d'audioprothèses. Ce dernier a expliqué vouloir une « clarification entre Sécurité sociale, mutuelles et professionnels » et l'instauration de trois contrats types de prise en charge complémentaire : « un moyen, un qui couvre tout et un renforcé ». L'idée est de pouvoir comparer lisiblement et de stimuler la concurrence.
Priée de développer son programme santé et d'en chiffrer le coût, Marine le Pen a évoqué la lutte contre la faude sociale et la vente à l'unité des médicaments comme source d'économies. « Cela veut dire un bras de fer avec les laboratoires industriels », a-t-elle lancé à l'intention d'Emmanuel Macron qu'elle accuse d'être « soumis aux grands laboratoires » et à des conflits d'intérêts. À ce titre, elle est revenue sur les activités d'un ancien membre de son équipe santé, qualifié de « plus grand lobbyiste de Servier ».
Emmanuel Macron a de son côté attaqué la candidate frontiste sur les imprécisions de son programme économique, ses contradictions et ses « mensonges » : « 80 % des médicaments sont faits à l’étranger. Pas de chance, comme vous allez taxer les importations, cela va augmenter les prix […]. Si vous êtes élue, les prix des médicaments augmenteront donc », a-t-il démontré.
Loi « Macron-El Khomri »
Pour combattre la désertification médicale, Marine Le Pen a confirmé être favorable à l'« augmentation » du numerus clausus, à un stage « de six mois » en territoire sous dense pendant l'internat et à la baisse de la fiscalité des médecins retraités « pour les faire rester ». L'ancien ministre de l'Économie a relevé que la désertification « touche 30 % des départements ». L'investissement dans les maisons de santé et une « meilleure organisation » entre la médecine publique et privée pour « sortir de l'hôpital dès que c'est possible » sont les deux points mis en avant par Emmanuel Macron. Illustrant son propos par l'exemple de la Guyane, il s'est fait couper la parole par Marine Le Pen, jugeant plus opportun d'évoquer le problème d'« immigration sanitaire » du territoire et de Mayotte…
Sur la médecine du travail cette fois, la candidate a évoqué « l'effondrement de la santé dans l'entreprise », conséquence selon elle de la loi « Macron-El Khomri ». « Ce sont deux lois différentes, relisez vos fiches », a répliqué Emmanuel Macron.
Dans sa « carte blanche » finale, Emmanuel Macron, a choisi d'évoquer la question du handicap, « une des priorités » de son quinquennat. Il souhaite revaloriser l'allocation adulte handicapé et multiplier le nombre d'auxiliaires de vie scolaires. Reprenant la main, Marine Le Pen a assuré avoir le projet « le plus complet » sur la question. Au terme du débat, la candidate frontiste a abattu sa dernière carte : la préférence nationale. « Un tiers des Français ne se soigne plus. On ne réserve pas la solidarité à nos compatriotes », a-t-elle déploré.
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