Paris, Nice, Berlin, Londres et tout récemment Stockholm.... La tragique actualité des derniers mois l'a rappelé : le risque terroriste peut frapper partout. Et des médecins peuvent à tout moment se trouver, sans le vouloir, impliqués au milieu d'un attentat.
Lors d'une récente conférence organisée à Grenoble à l'initiative du conseil de l'Ordre de l'Isère, plusieurs spécialistes de l'urgence ont prodigué leurs conseils pour aider les praticiens à se tenir prêts en cas d'attaque. Preuve de l'attente et de l'intérêt pour ce sujet, plus de 200 personnes avaient rempli les bancs du grand amphithéâtre de la fac de médecine.
Une organisation définie
Urgentistes, psychiatres et responsables des autorités de tutelle ont tour à tour décrit le rôle et l’organisation de chacun des acteurs en cas d’attentat. Grâce à des entraînements réguliers et diversifiés, ils se préparent, seuls et ensemble, à gérer ces situations délicates.
L’auditoire a découvert que la Cellule d'urgence médico-psychologique (CUMP) mise en place en Isère était déjà intervenue dans trois attentats depuis 2015. Elle fut en première ligne lors de l'attaque terroriste perpétrée le 26 juin 2015 à Saint-Quentin-Fallavier dans une usine de production de gaz industriels, qui fit un mort. La cellule d'urgence traita ce jour-là 72 victimes, dont 16 en stress dépassé. Elle a aussi pris en charge à Grenoble une vingtaine de victimes directes et indirectes des attentats parisiens du 13 novembre 2015. Après la tuerie de Nice en août dernier, elle a également épaulé les cellules engagées sur place. Le témoignage poignant du Dr Patrice Baro, de la CUMP, a favorisé la prise de conscience du public.
Quid du médecin non réquisitionné ?
Le Pr Vincent Danel, responsable du SAMU 38, a lui dépeint l’organisation sur le terrain : « C’est un environnement très hiérarchisé. Chacun a un rôle précis. Nous sommes sous les ordres, il faut s’y plier. Il y a des urgences absolues et l’obligation du tri médical. L'urgentiste a insisté auprès des médecins présents : « Si vous êtes éclaireur, ou par hasard sur place, témoignez, ne soignez pas. » Cet urgentiste aguerri voit peu le libéral au poste médical avancé. Alors où ? Au centre d’accueil des impliqués, et, bien sûr, dans le suivi. Patrick Mairesse, directeur départemental de la sécurité publique en Isère, a invité les volontaires à se rendre aux commissariats, l’expérience montrant que les victimes y venaient parfois à la recherche d’aide. Au nom de l’ARS d'Auvergne Rhône-Alpes, Christine Cun a indiqué comment les libéraux, en renfort des hospitaliers, pouvaient aider à la gestion de crise, en limitant notamment les hospitalisations non-indispensables, en accueillant des victimes non régulées aux cabinets, en prenant en charge des petites pathologies ou encore en délivrant des certificats en post-attentat.
Aider à libérer la parole
Partant du constat du Dr Louis Crocq, médecin général des armées, selon lequel « tous sont stressés, certains seront traumatisés », le Dr Baro a donné quelques recommandations pour améliorer la prise en charge médico-psychologique : « Ne cherchez pas tout de suite à déculpabiliser ou à dédramatiser. Parfois cette volonté de rassurer trop tôt bloque la parole. » Il est conseillé de pratiquer l’écoute spécialisée et la technique dite de "defusing" afin d’aider à « exprimer le vécu », renforcer le sentiment d’appartenance. « La victime a des besoins physiques, cognitifs et psychologiques, conclut Patrice Baro. La résilience est individuelle et collective. Le médecin traitant est alors souvent une référence importante. »
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