Médecin infectiologue et hygiéniste – retraité des Hôpitaux universitaires de Strasbourg depuis novembre dernier –, le Dr Stéphane Gayet est dans le radar de l’Ordre des médecins du Bas-Rhin pour des ordonnances atypiques. « Son nom, sa signature et le sceau des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS) figurent sur plusieurs ordonnances retrouvées un peu partout en France et par lesquelles a été délivrée, entre autres, de l’hydroxychloroquine », rapporte « Les dernières nouvelles d’Alsace », journal qui révèle l’affaire.
En mars dernier, l’alerte est donnée par un pharmacien d’Uzès, dans le Gard. Une patiente, souffrant d’un Covid long, se présente dans son officine, ordonnance à la main. « C’était hallucinant. Des surdosages. Des produits incohérents les uns avec les autres », raconte le pharmacien dans le quotidien alsacien. « Plusieurs médicaments et de l’hydroxychloroquine figurent sur cette ordonnance formant une "association médicamenteuse atypique" », rapporte-t-il encore. Méfiant, l’officinal tente d’appeler le prescripteur, le Dr Stéphane Gayet, en vain. Et pour cause : l’infectiologue « n’a plus aucune activité clinique connue et n’a jamais pris en charge les patients atteints du Covid-19 au sein des Hôpitaux universitaires de Strasbourg, comme le confirme la direction des HUS », détaille le quotidien.
Le pharmacien refuse la délivrance et décide de prévenir l’Ordre des médecins du Bas-Rhin. En Gironde, Loire, Île-de-France ou à Strasbourg, les mêmes ordonnances, et les mêmes alertes des pharmaciens locaux, remontent au Crom alsacien.
« On ne distribue pas des ordonnances sans voir les patients »
Les signalements des officines ont suffi pour lancer une commission disciplinaire pour « manque d’éthique et non-respect du code de déontologie ». « On ne distribue pas des ordonnances sans voir les patients », souligne le Dr Charles Schoenahl, président de l’Ordre des Médecins du Bas-Rhin, cité par les DNA. La date de la commission disciplinaire n’est pas fixée.
Face aux accusations de distribuer des ordonnances sans voir les patients, le Dr Stéphane Gayet se défend dans une tribune publiée par « France Soir ». « J’ai pris l’initiative – certes critiquable – d’effectuer des téléconsultations d’une durée d’une heure trente à deux heures avec les moyens dont je disposais, sans aucune facturation ni rétribution personnelle. » Une centaine d’ordonnances d’hydroxychloroquine auraient été rédigées.
Personnalité controversée
« Évidemment, on peut me reprocher d’avoir rédigé des ordonnances lourdes et comportant des dangers, ce que j’assume (…) Si j’ai été amené à prendre en charge des personnes de plusieurs régions françaises, c’est parce qu’elles faisaient appel à moi en raison de leur impossibilité de trouver un médecin acceptant de leur prescrire autre chose que du paracétamol et des anxiolytiques », se défend le médecin retraité qui, depuis le début de l’épidémie, multiplie les interventions médiatiques et les positions controversées sur le vaccin, l’hydroxychloroquine, les masques ou la validité des tests de dépistage.
Le Dr Gayet est membre du collectif « Laissons les médecins prescrire », fondé par la députée du Bas-Rhin et égérie des antivax Martine Wonner. Il se dit par ailleurs « en parfaite phase avec son ami Christian Perronne et aussi Didier Raoult ». Dans « France Soir » toujours, l’infectiologue réaffirme être « tout à fait solidaire » de personnalités stars des mouvances antivax et complotistes telles que le Dr Louis Fouché ou la généticienne Alexandra Henrion-Caude.
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