LA CONVENTION médicale de 2005 avait déterminé comme objectif « l’amélioration de l’utilisation des statines et la maîtrise de la croissance des dépenses ». Dans ce cadre, les génériques de certaines statines, apparus sur le marché français cette même année, ont bénéficié d’un fort développement, avec un taux de substitution de 90 % en 2007. Privilégier la prescription dans le répertoire de produits génériqués était ainsi un objectif clairement affiché.
La prise en compte du report de prescription, aussi dénommé de son appellation anglo-saxonne « switch », est nécessaire en pharmacoépidémiologie et en pharmacoéconomie, mais aussi en clinique. L’évaluation des reports de prescription tarde cependant à émerger comme un thème à part entière dans les études d’utilisation du médicament. Sur le plan clinique, « l’utilisation des statines en fonction du niveau de risque cardio-vasculaire des patients » était bien évidemment indiquée comme une nécessité par l’assurance-maladie.
Aux Pays-Bas comme en France, les autorités de santé ont incité les prescripteurs à reporter les prescriptions de statines vers les génériques. Danny Liew et coll. ont entrepris de vérifier les doses reçues après passage de l’atorvastatine sous forme de molécule mère (princeps) à un générique de simvastatine, et de déterminer leur effet sur la prévention du risque cardio-vasculaire.
Pour connaître les doses reçues par les patients hypercholestérolémiques, les auteurs ont utilisé les données d’un échantillon représentatif de pharmaciens et associé ces données aux informations disponibles sur la relation dose-efficacité de ces produits.
Des milligrammes qui comptent.
Une méta-analyse récente a montré qu’une dose quotidienne de 10 mg d’atorvastatine est approximativement équivalente à une dose de 20 à 40 mg simvastatine en termes de réduction du LDL cholestérol (1). Or, lors du report de prescription, plus d’un patient sur trois n’a pas reçu une dose appropriée de la statine génériquée. Le sous-dosage ainsi constaté peut se traduire par une augmentation prévisible de 5 à 6 % du taux de LDL cholestérol. En termes de prévention cardio-vasculaire, cette augmentation se matérialise à son tour par un accroissement du risque cardio-vasculaire de 3 % en moyenne de la population ainsi traitée (2).
Cette constatation, faite aux Pays-Bas, n’est pas nécessairement transposable à la France, bien évidemment. Néanmoins, elle incite les praticiens à être vigilants en cas de report de prescription, et peut-être également à avertir clairement les patients qu’en termes d’efficacité et de prévention cardio-vasculaire, les milligrammes ne pèsent pas le même poids d’une molécule à l’autre…
D’après la communication de D. Liew (Pays-Bas).
(1) Rogers SL, et coll. A dose-specific meta-analysis of lipid changes in randomized controlled trials of atorvastatin and simvastatin. Clin Ther 2007; 29(2): 242-52.
(2) Delahoy PJ, et coll. The relationship between reduction in low-density lipoprotein cholesterol by statins and reduction in risk of cardiovascular outcomes: an updated meta-analysis. Clin Ther 2009;31(2):236-44.
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