LE QUOTIDIEN – Dans quel état d’esprit avez-vous abordé ces rencontres ?
JACQUES PELISSARD – Il nous a paru important de réfléchir, avec les maires et leurs partenaires, aux moyens de faire face à ce défi. Avec des élus et des médecins comme le président du CNOM, le Dr Legmann, Élisabeth Hubert ou le Dr Pierre de Haas, nous avons fait un état des lieux des problèmes d’accès aux soins, là où ils se posent. Nous avons ensuite abordé le chapitre des solutions. Elles sont très variables. Certaines régions, certains départements, proposent des aides aux étudiants en médecine qui s’engagent par la suite à exercer dans les territoires concernés. Il y a des aides aux maisons de santé en termes d’investissement, et tout une série d’expériences qui ont été exposées. Les uns et les autres se sont enrichis mutuellement des succès et des échecs qui ont été rapportés.
Ces maisons de santé représentent-elles selon vous une solution d’avenir ?
Je m’aperçois que les médecins, et les jeunes en particulier, vivent désormais très mal l’idée d’être isolés. Un exercice regroupé leur semble plus tentant. Les maisons de santé peuvent donc ponctuellement permettre de réduire ces problèmes de désertification, mais pour cela il est important qu’il y ait une démographie médicale suffisamment importante pour alimenter non seulement ces structures, mais aussi l’exercice libéral en général.
N’y a-t-il pas une part de responsabilité de l’État qui s’est lui-même désengagé de ces zones ?
L’État ne se désengage pas, il faut dire que l’AMF y veille. En matière de présence de services publics, de postes, de trésor public, il y a une action forte de notre association pour que ces territoires soient desservis. Peut-être sont-ils desservis avec un maillage moins serré que par le passé, mais on n’est pas obligé non plus d’avoir un médecin dans chaque village. Il peut y avoir une organisation territoriale rationnelle permettant une desserte satisfaisante de ces territoires. Beaucoup d’administrations se sont regroupées, je pense aux gendarmes, aux trésoriers principaux et aux services fiscaux. On peut très bien avoir un maillage du territoire avec une meilleure organisation de l’espace. De la même manière, on n’est pas obligé d’avoir partout une présence médicale. En revanche, ce que les maires vivent mal, c’est qu’il y a des zones rurales, notamment dans le centre du territoire, qui sont largement désertifiées médicalement, avec un risque d’aggravation.
Chez un certain nombre d’élus locaux existe la tentation de la coercition pour réguler la répartition des médecins sur le territoire. Partagez-vous cette analyse ?
Tout dépend de ce qu’on appelle par régulation. Il n’est pas question d’une planification autoritaire, mais il peut y avoir des dispositifs plus ou moins souples d’incitations, par exemple fiscales, à l’installation. Il est vrai qu’il y a des territoires surdotés par rapport à leur population. Il faut donc faire face à ces inégalités de traitement qui, à terme, sont porteuses de perte de chance pour les patients. Sur ce sujet, il n’y a pas de position arrêtée de l’AMF. Ces rencontres que nous organisons permettront je l’espère d’identifier les pistes de solutions les plus intéressantes pour répondre à ce défi.
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