Le tiers payant généralisé et intégral refait surface, du moins dans les discours. Invitée dans la matinale de Jean-Jacques Bourdin ce mercredi 23 octobre, la ministre de la Santé assure que les solutions de tiers payant sont techniquement au point, ou presque.
Jusqu’à présent, les médecins libéraux pointaient l'impossibilité à mettre en place un tel système capable de gérer efficacement les centaines de complémentaires santé disponibles sur le marché. C’était même l’un des arguments phare des opposants à la généralisation du tiers payant intégral. De fait, Agnès Buzyn avait enterré le TPG généralisé obligatoire de Marisol Touraine (2017) pour lui préférer un tiers payant « généralisable », c'est-à-dire basé sur le volontariat, tout en conservant l'objectif de sa mise en place en 2019 ou 2020...
« Nous sommes en train d’y arriver, assure aujourd'hui Agnès Buzyn devant les caméras. Il y a des dispositifs qui deviennent opérationnels chez les médecins. » La ministre souhaite que « chaque professionnel intègre cette nouvelle technique pour offrir le service aux malades », et ce dès cette année, « notamment pour le remboursement des lunettes, des audioprothèses et du dentaire ».
La question du caractère obligatoire pour les médecins n’a pas été évoquée à nouveau. Agnès Buzyn, qui n'est pas favorable à un système contraignant, a rappelé que 80 % des généralistes avaient déjà adopté le tiers payant pour la partie assurance-maladie, suggérant que les praticiens adopteraient la solution également pour la part complémentaire si elle était simple à utiliser.
Les médecins poussent leur propre plateforme
La ministre n’a pas précisé les dispositifs techniques auxquels elle fait référence. Mais celui mis en place par l’Inter-AMC (association des complémentaires santé pour le tiers payant) est loin de faire l’unanimité auprès des libéaux de santé.
Il y a quelques semaines, la CSMF et le SML – entre autres syndicats – expliquaient que cette plateforme de tiers payant ne fonctionnait pas sur la part complémentaire. Les deux syndicats reprochent notamment à ce système l’obligation pour les praticiens de signer un contrat individuel de 14 pages avec les complémentaires.
À la place, ils proposent la solution Paymed, un outil de dispense d'avance de frais et de gestion des honoraires, « alternative au tiers payant imposé », et développé avec sept autres syndicats de pharmaciens, d’infirmiers, de biologistes, de kinés et d’audioprothésistes. Vérification des droits en temps réel, paiement rapide : cette solution est testée depuis mai dernier. Sa mise en place passerait par la négociation d’un « conventionnement national collectif » avec l’assurance-maladie, assurent ses promoteurs.
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