DE NOTRE CORRESPONDANTE
L’assurance-maladie a durci le ton depuis le mois de juillet sur la prescription des génériques, en renforçant le dispositif « tiers payant contre génériques ». Le principe est simple : les malades ne pourront plus refuser le générique sous peine de devoir faire l’avance des frais. Dans les Bouches-du-Rhône, les trois principaux régimes d’assurance-maladie et les représentants des syndicats de pharmaciens d’officine ont également décidé de mettre les bouchées doubles. Car le département fait figure de mauvais élève. La consommation de génériques n’a cessé d’y diminuer ces dernières années. Avec un taux de substitution de 66,5 % au mois de juillet, le département se situe très en dessous de la moyenne nationale qui était de 71,6 %, et beaucoup plus loin encore de l’objectif national fixé à 85 %. La caisse primaire des Bouches-du-Rhône (CPCAM 13) affirme pourtant avoir économisé 74 millions d’euros en 2011, avec l’utilisation des génériques. Mais l’effort demeure insuffisant.
Pour cette raison, la caisse a décidé d’appliquer strictement la loi et de menacer les récalcitrants de sanctions. « Des contrôles de masse sur les pharmacies ont débuté en septembre. Celles qui ne respectent pas le dispositif se verront refuser le remboursement de leurs factures », explique un représentant de la CPCAM 13. Une décision soutenue par Stéphane Pichon, président de l’Ordre des pharmaciens de la région PACA-Corse. « Nous n’avons pas le choix si nous voulons pérenniser notre système de santé fatigué », explique-t-il.
Pour faire accepter ce dispositif, diverses actions de communication sont également menées auprès des médecins généralistes et du grand public. Il s’agit de convaincre que le générique est aussi sûr et efficace que le princeps.
Faire davantage confiance aux médecins.
Le Dr Christiane Giraud, généraliste dans les quartiers nord de Marseille n’est pas opposée à la prescription des génériques mais elle a constaté certains problèmes avec des patients. « Les génériques ne sont pas adaptés à certains types de populations que je rencontre dans mon cabinet, affirme-t-elle. J’ai beaucoup de personnes âgées et de personnes analphabètes. Aussi ils repèrent les médicaments à leur taille ou leur couleur. » Selon le médecin, les patients sont perdus lorsqu’on change de prescription avec des génériques qui changent continuellement de nom et de forme, et certains doublent ou triplent leurs doses. « J’ai eu pour ma part des problèmes deux fois avec des personnes diabétiques, par exemple. Et pour les maladies chroniques ce peut être un vrai problème, ajoute le Dr Giraud. Du coup, les généralistes sont pris entre l’intérêt de la population que l’on soigne et la Sécu. Je pense qu’on devrait faire davantage confiance aux médecins. »
Le Dr Guy Recorbet exerce dans un cabinet dans un quartier plus aisé à Marseille. Il ressent moins de pression. « Elle l’est davantage aujourd’hui sur les pharmaciens, assure-t-il. Nous avons toujours la possibilité de mettre « non substituable » pour un patient qui le refuserait catégoriquement. » Le généraliste estime que les considérations économiques l’emportent sur le soin. « A mon sens, il faudrait vendre les princeps au prix des génériques, cela règlerait le problème », conclut le Dr Recorbet.
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