DE GROS EFFORTS ont été faits, car la France partait de loin : il y a dix ans, avec 100 millions de prescriptions par an, elle était en tête des pays européens pour la prescription d’antibiotiques en ville et au troisième rang pour la prescription hospitalière, sans, relève le HCSP, « que la santé des Français ne puisse justifier cette situation ». D’où des taux records de proportions de souches résistantes et d’incidence d’infections à germes résistants aux antibiotiques parmi certaines espèces bactériennes, tant en ambulatoire (pneumocoques, streptocoques du groupe A) qu’à l’hôpital (staphylocoques dorés résistants à la méticilline).
Les deux plans nationaux mis en place en 2002 et 2007 (un troisième va être lancé) ont obtenu des résultats : la consommation globale d’antibiotiques a reculé entre 2000 et 2008, de 15 à 20 % en ville et de 10 à 15 % à l’hôpital. Mais notre pays était encore au 4e rang européen en 2008, il y a d’importantes disparités selon les régions et la consommation est repartie à la hausse en 2009.
Quant aux résistances, elles ont diminué pour les pneumocoques à l’origine d’infections graves (méningites ou septicémies) en ce qui concerne la pénicilline, et pour les souches hospitalières de staphylocoques dorés pour la méticilline. Mais d’autres bactéries multirésistantes progressent et de nouvelles souches résistantes apparaissent à l’hôpital.
Changer les comportements.
C’est ce qui fait dire au HCSP que les résultats obtenus « sont insuffisants et fragiles » et que « la préservation de l’efficacité des antibiotiques reste un problème de sécurité sanitaire et de santé publique ». Il faut, selon le Haut Conseil, poursuivre une politique reposant sur des actions coordonnées auprès des médecins prescripteurs et des usagers pour changer leurs comportements de façon durable et compléter le système de surveillance actuel pour en faire « un véritable outil d’évaluation du bon usage des antibiotiques ».
Trois axes d’action sont importants : la formation, dès les études médicales et par le choix du bon usage des antibiotiques comme thème prioritaire du développement professionnel continu ; la régionalisation de la politique et du système de santé pour mieux répondre aux différences régionales de consommation, qui s’accroissent ; et la politique du médicament, avec la prise en compte réglementaire de l’objectif de préservation de l’efficacité des antibiotiques dans les AMM et les révisions des autorisations en cours, l’intégration des résistances bactériennes au système de pharmacovigilance et la mise en place, avec les autres pays de l’UE, de mécanismes de soutien à la recherche, pour éviter les impasses thérapeutiques.
Le rapport est en vente à la Documentation française et consultable sur le site www.hcsp.fr.
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