APRÈS UN PREMIER état des lieux chiffré de la consommation des psychotropes chez les personnes âgées de plus de 65 ans en France, présenté en octobre avec la Direction générale de la santé (DGS), la Haute autorité de santé (HAS) vient de présenter son plan d’action pour améliorer la situation.
Selon cette instance 20 % des hospitalisations des personnes âgées de plus de 80 ans sont liées aux médicaments et seraient en partie évitables. La HAS a donc lancé une action conjointe avec le collège professionnel des gériatres français (CPGF) pour améliorer la prescription médicamenteuse chez le sujet âgé (PMSA) de plus de 75 ans ou de plus de 65 ans et polypathologique. « L’adjonction mal réfléchie d’un médicament peut déclencher une succession de défaillance d’organes », commente le Pr Claude Jeandel, président du CPGF, fondé en 2006. « Les prescripteurs, médecins hospitaliers, médecins coordonnateurs en EHPAD (établissements hospitaliers pour personnes âgées dépendantes, ndlr) et médecins traitants sont en difficulté car ils manquent de temps pour revoir les pathologies, note le Pr Sylvie Legrain, gériatre et chef de projet à la HAS. L’absence de coordination de ces prescripteurs pose problème ». Certains patients âgés ont des feuilles d’ordonnances de 10 à 12 médicaments pour de multiples pathologies qui légitiment cette polymédication. « L’objectif est d’aider le médecin traitant, le prescripteur lors d’une hospitalisation ou le prescripteur occasionnel à gérer au mieux le risque iatrogène chez le sujet âgé et à éviter toute prescription inutile », indique le Pr Legrain. Mais attention au message à faire passer.
Pour la Haute autorité, mieux prescrire ne sous-entend pas forcément moins prescrire. « En France, les prescripteurs sont souvent stigmatisés mais on n’est pas un mauvais prescripteur car on prescrit 10 médicaments à une personne âgée », commente le Dr Armelle Desplanques, responsable de l’unité des programmes pilotes à la HAS. Pour la HAS et le CPGF, il est nécessaire de répondre à plusieurs principes : réévaluer régulièrement les diagnostics pour ne plus prescrire un médicament qui n’a plus d’indication, prescrire plus de médicaments dont l’efficacité est démontrée et mieux tenir compte du rapport bénéfice/risque (1). « Nous n’allons pas dire qu’il faut tant de médicaments pour tel patient mais assurer la qualité de la prescription, commente le Pr Laurent Degos, président de la HAS. La polymédication entre dans le parcours de soins et doit faire partie de l’éducation thérapeutique des personnes âgées et de son environnement ».
Consultation annuelle
Afin d’améliorer la prise en charge des patients du troisième ou du quatrième âge, la HAS et le collège de gériatrie espèrent obtenir la mise en place de la consultation annuelle de 3/4 d’heure spécifique aux personnes de 70 ans. Celle-ci permettrait de mettre à plat périodiquement les différentes pathologies du patient et les traitements administrés et à les réviser si nécessaire. En juin 2007, le ministre délégué aux personnes âgées Philippe Bas annonçait le principe d’une consultation de prévention gratuite pour les plus de 70 ans. Celle-ci devait être expérimentée dans le Finistère, le Bas-Rhin et le Val de Marne. Depuis, plus rien...
(1) plus d’informations sur le site de la HAS, www.has-sante.fr
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