« IL EXISTE un important hiatus entre les déterminants réels qui doivent présider à la prescription d’antibiotiques chez un enfant et les éléments utilisés par le praticien, ce qui peut induire une utilisation excessive d’antibiotiques », affirment Maria Luisa Moro et coll., une équipe italienne de l’Agence sanitaire et sociale régionale d’Emilie-Romagne. Leur travail publié dans le journal en libre accès «BMC Pediatrics» montre qu’en présence de signes d’appel respiratoires chez un enfant, les pédiatres prescrivent davantage d’antibiotiques lorsqu’ils perçoivent que les parents sont en attente de cette prescription.
Ces scientifiques sont parvenus à cette démonstration objective d’un paramère subjectif en procédant à une démarche en deux étapes. La première a consisté en une enquête d’investigation sur les connaissances et les attitudes des pédiatres hospitaliers, ainsi que des familles concernant les antibiotiques. La seconde phase a visé à déterminer les facteurs réels associés à la prescription des antibiotiques par les pédiatres, au cours de consultations à l’hôpital et dans les centres de soin familiaux, en s’intéressant, entre autres, aux attentes des parents vis-à-vis de cette prescription.
38 % des enfants ont reçu des antibiotiques.
Parmi 4 352 consultations pour des signes d’infection respiratoire, 38 % des enfants ont reçu des antibiotiques. Les résultats sont instructifs. Concernant les familles, ils montrent que leur mauvaise connaissance des antibiotiques et des infections respiratoires constitue le principal facteur induisant potentiellement une prescription excessive. Parmi 1 029 parents interrogés, 41 % indiquent que les bactéries sont une cause possible de rhume et prétendent consulter un médecin pour une infection banale : 48 % des enfants vus en pratique ambulatoire ne présentaient que des symptômes de rhume banal.
En revanche, lorsque l’on analyse les réponses des pédiatres, on s’aperçoit qu’ils ne sont pas pleinement conscients de la nature du problème. On constate que 56 % de ces praticiens (parmi 633 interviewés) pensent que ce sont les incertitudes diagnostiques qui sont les principales causes d’une potentielle surprescription. Seulement 20 % des pédiatres suggèrent que les attentes des parents peuvent être inappropriées.
Dans les pratiques, le fait que les parents attendent que des antibiotiques soient indiqués à leur enfant, constitue le second facteur associé significativement à leur prescription par le médecin (odds ratio 12,8). Le premier facteur est un écoulement de l’oreille de l’enfant. Plus de 50 % des pédiatres affirment ne pas adopter une attitude attentiste en cas d’otite aiguë.
Les tests de diagnostics rapides n’ont été utilisés que par 36 % et 21 % respectivement des praticiens de famille et hospitaliers.
Maria Luisa Moro et coll. BMC Pediatrics, en ligne le 5 novembre 2009.
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