La CSMF réclame des mesures urgentes de protection

L'agression d'un généraliste de Dunkerque relance le débat sur la sécurisation des libéraux

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Publié le 09/05/2017
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DUNKERQUE

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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Quelques semaines seulement après le meurtre d'un généraliste dans son cabinet à Nogent-le-Rotrou, l'agression par un groupe de jeunes d'un confrère de Dunkerque, le Dr Pierre Goidin, mardi 25 avril, a ravivé la polémique sur la sécurité des libéraux et les mesures de protection indispensables.

Dans cette affaire, le fait que le Dr Pierre Goidin, 55 ans, ait été harcelé pendant plusieurs jours et violemment agressé (plateau tibial cassé) par des jeunes hommes du quartier de son cabinet, puis que le médecin reste exposé à ses agresseurs mineurs en liberté pendant que la procédure judiciaire suit son cours, a scandalisé la CSMF du Nord-Pas-de-Calais. « Hier soir encore (mercredi 3 mai, Ndlr), ils l'attendaient à la fin de ses consultations et le médecin a dû demander à un patient vigile de l'accompagner à sa voiture », a expliqué le Dr Bertrand Legrand, secrétaire général du syndicat régional, lors d'une conférence de presse, jeudi dernier.

Selon ce responsable, cette situation relève d'une « indifférence coupable ». Le Dr Goidin avait en effet déposé plainte dès mardi 25 avril. Il a contacté le procureur de la République, sans avoir aucune nouvelle, puis signalé les faits au conseil de l'Ordre où son mail, classé en spam, aurait tardé à être lu, a précisé le Dr Bertrand Demory, membre du conseil confédéral de la CSMF. « La réaction doit être bien plus rapide » et plus coordonnée, résume le Dr Bertrand Legrand. Cette absence de coordination des autorités, et même de réaction, rend la situation d'autant plus insupportable.

Passivité 

Le maire de Dunkerque aurait du moins promis un renforcement des rondes de la police municipale dans le quartier. Mais cette surveillance s'arrête a priori de fonctionner avant la fin habituelle des consultations, relève le Dr Demory. Quant au président (LR) du conseil régional, Xavier Bertrand, il a prévu de créer un numéro post-agression pour coordonner la réponse des autorités vis-à-vis des professionnels de santé concernés.

C'est dans ce contexte que la CSMF a lancé une pétition de soutien sur internet, dénonçant la « passivité des autorités » face au problème de la sécurité des praticiens isolés. Les élus seront également sensibilisés. Objectif : obtenir des mesures d'urgence pour mieux protéger les médecins et sécuriser davantage les cabinets libéraux. La police nationale n'est sans doute pas en mesure de raccompagner le médecin tous les soirs, explique le secrétaire général de la CSMF. Mais d'autres outils permettraient de prendre le taureau par les cornes.

Le syndicat préconise la reconnaissance automatique par les forces de l'ordre du numéro d'un professionnel de santé afin de répondre en priorité à ces appels ; la mise en place de la vidéosurveillance aux abords des cabinets (notamment à risques) ; une aide au financement de dispositifs d'alarme et de vidéosurveillance des salles d'attente ; un accompagnement des praticiens par la police lors de certaines visites exposées ; la mise à disposition d'un chauffeur par les collectivités locales pour les gardes de nuit ; l'enregistrement rapide des plaintes ; ou encore la procédure de citation directe lors d'une agression de médecin…

Le syndicat souhaite également l'application aux praticiens libéraux du statut de professionnel protégé dont bénéficient les médecins fonctionnaires. En outre, les préfectures disposent toutes d'un délégué à la sécurité des professionnels de santé et d'un budget auquel les maires peuvent recourir. Las, insiste le Dr Demory, ce dispositif « n'est pas utilisé ». 

 

 

 

De notre correspondante Géraldine Langlois

Source : Le Quotidien du médecin: 9579