« UNE PRÉOCCUPATION constante ». L’Académie Nationale de Médecine porte un grand intérêt pour la prescription médicamenteuse chez les sujets âgés et publie à ce sujet de nouvelles recommandations à l’intention des pouvoirs publics et des prescripteurs. Le groupe de travail compte d’ailleurs parmi ses membres principaux le Pr Jean Doucet, service de médecine interne gériatrie thérapeutique (CHU de Rouen), qui a conduit récemment un travail sur les médicaments écrasés à tort en gériatrie (voir « le Quotidien » du 11 juin 2012), dont les conclusions ont emporté l’adhésion immédiate de la HAS et de l’Observatoire des médicaments, des dispositifs médicaux et de l’innovation thérapeutique (OMEDIT).
L’Académie souligne ainsi que « si l’âge en tant que tel ne contre-indique généralement pas un traitement médicamenteux, il en modifie en revanche très souvent les objectifs et les modalités ». Polypathologie, surconsommation médicamenteuse et iatrogénie, ces phénomènes conjugués font que près d’un accident sur deux serait évitable. C’est ce qui fait penser à l’Académie que « le concept de "prescription médicamenteuse inappropriée" trouve désormais sa place aux côtés des concepts classiques de "médicaments contre-indiqués" ou de "médicaments déconseillés" ».
• À l’intention des pouvoirs publics et des institutions concernées, le groupe de travail recommande entre autres :
- que l’aide informatique à la prescription prenne en considération la situation spécifique de la personne âgée, en particulier dans le cadre des logiciels d’aide à la prescription ;
- que les essais thérapeutiques en vue de l’octroi d’une AMM incluent autant que possible un effectif significatif de personnes âgées et que les études de pharmacovigilance et de pharmaco-épidémiologie réalisés en vie réelle post AMM comportent des personne de classes d’âge représentatives de la population des personnes âgées ;
- que les notices de médicaments soient rédigées de manière plus claire, plus concrète et aussi plus informative ;
- que soit encouragée la mise au point de formes galéniques adaptées aux besoins de certaines personnes âgées ;
- que la réglementation régissant la prescription de génériques impose que la substitution soit plus claire et non ambiguë.
• À l’intention des prescripteurs, il est recommandé :
- de tenir compte des attentes du malade pour ce qui est des objectifs thérapeutiques à court et moyen termes, en terme de morbidité, de mortalité et de qualité de vie ;
- d’avoir le « réflexe iatrogène » en cas d’un ou de nouveaux symptômes, c’est-à-dire d’évoquer systématiquement un effet indésirable médicamenteux, au moins autant que la survenue d’une affection intercurrente ;
- un meilleur partage d’information sur les médicaments entre les différents professionnels de santé. L’Académie pointe du doigt le problème de la non-continuité du traitement lors des hospitalisations, en particulier dans un contexte d’urgence, ce qu’elle nomme « les points de transition » ;
- d’adopter quelques règles de « bon sens » au préalable à la prescription : prendre connaissance des pathologies existantes, de l’état somatique (poids, nutrition, fonction rénale), de l’état cognitif, de l’environnement familial et social et de la liste complète de tous les médicaments consommés ;
- d’appliquer toutes les mesures en faveur du bon usage du médicament lors de la rédaction de l’ordonnance : limiter les prescriptions aux médicaments indispensables ; choisir les molécules ayant le meilleur rapport bénéfice/risque ; les prescrire pour la seule durée de temps appropriée et commenter les prescriptions de façon concrète et détaillée de sorte d’éviter le plus possible les erreurs de posologie.
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