Tandis que les hôpitaux affichent 30 ans d’expérience et que les structures pluridisciplinaires perçoivent des financements spécifiques à la mise en place de programmes d’éducation thérapeutique du patient (ETP) pour les patients en ALD, les médecins libéraux, souvent isolés dans leur pratique, ont du mal à prendre le train en marche.
Le Dr Jean-Luc Leymarie, généraliste à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), s’est entiché de l’ETP à force de voir ses patients obèses revenir en consultation délestés de 50 kg après un passage au bloc. « La plupart étaient perdus dans la nature après leur opération, sans aucun suivi diététique, et je ne savais pas comment les aider à surmonter leur handicap physique et psychologique », confesse le médecin. En FMC, le Dr Leymarie entend par chance parler du réseau francilien ROMDES, qui enseigne l’éducation thérapeutique auprès de patients obèses. Après une formation de 40 heures, le médecin s’apprête à animer avec un autre confrère, deux diététiciennes, une éducatrice médico-sportive et une endocrinologue un programme gratuit en cinq ateliers, lancé en septembre. La mairie prête les locaux, l’ARS promet une rémunération forfaitaire par patient. En attendant, le Dr Leymarie expérimente le bénévolat et les « gros soucis » dus à une « grande complexité administrative ». La clé pour tenir le coup ? « Se laisser porter par les réseaux » de patients, conseille le médecin, enthousiaste à l’idée de « ne plus travailler seul ».
S’appuyer sur les réseaux
Diabétologue endocrinologue, le Dr Florence Leroy a pour sa part exercé dix ans en ville avant d’intégrer l’Hôpital privé de l’ouest parisien de Trappes (Yvelines), en 2010. Selon elle, l’éducation thérapeutique est conditionnée à la « créativité » du médecin libéral, la « réactivité » de l’hôpital le plus proche et aux associations de patients sur lesquels s’appuyer. « Les premières années, j’ai travaillé seule, témoigne-t-elle. Ma secrétaire m’aidait à pousser mon bureau pour faire de la place aux patients. Pour trouver des collaborateurs, j’ai envoyé des comptes rendus à tous les médecins du secteur et j’ai limité la paperasse, qui fait toujours fuir les bonnes volontés ». Elle aussi a connu la galère financière : « Sur l’éducation au diabète complexe, on demandait à l’ARS de l’aide pour 30 patients, on en obtenait pour 20 et plus de 100 venaient aux ateliers », se souvient-elle.
Absentéisme
À Villiers-le-Bel (Val d’Oise), le Dr Maria-Pia Pringault Desjonqueres, généraliste en maison de santé témoigne d’un autre problème : les difficultés d’accès à la formation à l’éducation thérapeutique, très disparate. L’absentéisme des patients (1/3 des inscrits à son programme sur l’obésité) et les financements au compte-gouttes peuvent aussi plomber le moral. En 2013, sa structure a perçu 10 000 euros dans le cadre des expérimentations des nouveaux modes de rémunération (voir encadré) pour financer l’éducation thérapeutique de 40 patients, dont 90 % ont servi à rémunérer les professionnels pour leur temps, à hauteur de 4C de l’heure pour le médecin… Tout ça pour ça, diront certains.
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