Pour le Pr Israël Nisand, chef du service de gynécologie-obstétrique au CHU de Strasbourg, le port du voile intégral ne pose pas de problème, pour la simple et bonne raison qu’il n’en a jamais vu dans sa consultation. La capitale de l’Alsace a pourtant une forte population immigrée. « Mais si je devais recevoir une femme voilée en consultation, dit-il, je voudrais savoir son identité. Et ça, ce n’est pas négociable. J’ai besoin de savoir qui j’opère, qui je transfuse, qui j’accouche. Après, qu’elle remette son niqab si elle le souhaite... Encore que. Je veux que mon personnel puisse voir son visage, même après mon intervention, qu’il sache s’il est bleu, rouge ou jaune, si elle va bien, si elle va mal, si elle est sur le point de perdre connaissance.
Nous avons vraiment zéro souci avec ces femmes. D’ailleurs, je précise que je les apprécie éminemment car elles sont en général extrêmement gentilles. Quand il y a un souci, c’est avec leurs mecs, mais alors là, c’est de l’ordre de la délinquance. Ceux qui battent leurs femmes sont généralement les mêmes que ceux qui agressent mon personnel. Mais là, plus on est clair, et moins ça arrive. C’est pourquoi j’ai affiché dans mon service une note qui indique qu’ici on ne choisit pas le sexe de son médecin. Nous avons la meilleure médecine du monde, et gratuite de surcroît, alors on doit respecter cela. ».
L’homme cantonné dans le rôle du harceleur.
« Je respecte la foi musulmane, et je considère qu’elle a sa place dans notre pays, poursuit le Pr Nisand . "J’ai beaucoup de respect pour ceux qui questionnent Dieu, mais j’ai très peur de ceux qui en entendent les réponses." : je ne sais plus qui a dit cette phrase mais je la fais mienne. Et il y a certaines règles du jeu dans notre pays que personne, au nom d’une pratique religieuse, ne doit modifier. Par exemple, il est interdit à qui que ce soit de se promener nu dans les lieux publics. C’est comme ça. Nos codes vestimentaires doivent s’appliquer aux pratiques religieuses. En Arabie Saoudite, les hommes n’ont pas le droit de se balader en bermudas. En France, chacun doit montrer son visage.Enfin, j’estime que la femme, en se voilant, refuse de me faire confiance. Elle me cantonne, moi homme, dans le rôle du harceleur, voyeur. Elle m’humilie, quelque part. »
« J’aurais toutefois préféré que la loi, que j’approuve, soit moins marquée antimusulman. Car je crains qu’interdire expressément tout type de voile ne soit stigmatisant pour cette communauté. On aurait pu trouver une formulation plus neutre... Par exemple, interdire dans le pays que l’on se cache le visage, sauf jours de Carnaval ! Je suis assez fier de nos règles républicaines et je ne suis pas d’accord pour que des influences extérieures parviennent à nous faire reculer. Mais je ne trouve pas que notre pays s’honore en ayant une posture aussi fermée que celle-là. En outre, ce que je propose et que j’ai d’ailleurs entendu dans la bouche de plusieurs autres personnes, est une solution à laquelle le Conseil d’État ne pourrait s’opposer ».
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