DANS LA MATINÉE du 26 janvier, près d’une centaine d’arrêts de travail ont été déposés sur le bureau du chef de la Compagnie Républicaine de Sécurité (CRS) 46, à Sainte-Foy-lès-Lyon, en banlieue lyonnaise. Aucun malade, ni aucune épidémie n’était pourtant à signaler dans les rangs. Les CRS qui ne jouissent pas du droit de grève voulaient « simplement » exprimer leur opposition à la fermeture annoncée de la CRS lyonnaise, abritée dans un ancien fort. Ils se sont donc arrogé le droit d’utiliser ce qui s’apparente à une nouvelle arme de contestation sociale : le congé maladie. Par mimétisme, et pour des raisons identiques, la quasi-totalité des effectifs de la CRS 58 de Perpignan qui devait assurer la sécurité du match Arles-PSG, le 29 janvier, s’est faite porter pâle. Dès le lendemain, c’était la CRS 39 de Nancy qui indiquait se mettre « majoritairement en arrêt maladie ». Face à la première vague de congé maladies, les responsables syndicaux de MG 69 et MG France Rhône-Alpes sont très rapidement montés au créneau pour dire leur inquiétude quant au caractère collectif de cette méthode : « Attention de ne pas utiliser un acquis social important, la Sécurité sociale, comme technique de revendication », prévenaient-ils dès le 28 janvier.
Complaisance ?
Ils formulaient par ailleurs une autre crainte : celle de voir rejaillir cette affaire sur les médecins traitants, à l’heure où les arrêts maladies sont supposés faire l’objet de contrôle tous azimuts. Car, en effet, comment tous ces policiers ont-ils obtenu leurs arrêts de travail ? Ont-ils, au mépris de leur fonction, abusé la confiance de leur médecin traitant ? Ont-ils bénéficié de certificats de complaisance ? Y’aura-t-il une enquête ? Le directeur de la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) de Lyon a fait le point sur cette dernière question, le 31 janvier. Il se trouve qu’en mai dernier, l’État avait innové par une convention de partenariat avec les CPAM pour expérimenter un contrôle renforcé des arrêts maladie de moins de six mois des fonctionnaires dans six régions de France, dont Lyon fait partie. Néanmoins, « nous n’avons pas eu de signalement, et ces contrôles ne fonctionnent que sur demande », indique-t-on à la CPAM de Lyon. Sans « indice », la caisse ne serait donc pas en mesure de contrôler ces arrêts de travail, de courte de durée qui plus est. Surtout, les CRS sembleraient avoir obtenu gain de cause, puisque le ministre de l’Intérieur a fait savoir, en début de semaine, qu’il renonçait au projet de fermeture. La méthode employée pour y parvenir n’a visiblement pas choqué. L’affaire est donc classée sans suite, selon la formule consacrée. À moins que ce nouveau mode opératoire ne fasse des émules…
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